Un de mes aspects favoris des voyages, c’est la découverte de la vie sauvage et des paysages naturels propres à chaque pays, chaque région. Et côté nature, le Sri Lanka ne nous laisse pas en reste ! Un bonheur pour des photographes amateurs…
Premier petit coin de paradis, le jardin botanique de Paradeniya, situé à Kandy. Ce magnifique parc de près de 60 ha abrite un nombre impressionnant d’espèces végétales, arbres en tous genres, fleurs multicolores dont beaucoup d’espèces d’orchidées. La promenade peut s’y éterniser des heures durant. On y croise également une faune variée, entre singes, écureuils, oiseaux et insectes en tout genre.
Plusieurs parcs nationaux constituent également des réserves où les animaux y sont facilement observables. Voici un petit échantillons de la faune du parc d’Uda-Walawe, situé au sud du Pays. Les éléphants y sont bien sûr les animaux les plus emblématiques, mais on y trouve aussi de nombreuses espèces d’oiseaux, parmi lesquels des paons, des guêpiers d’orient, ou encore des rapaces comme des pygargue blagres.
Pas besoin toutefois d’être dans un jardin ou dans un parc pour observer des animaux sauvages. Le Sri Lanka reste un pays avec une nature plutôt bien préservée. Une balade en pirogue à travers la mangrove au lever du soleil permet de rencontrer des varans, nageant paisiblement dans l’eau, ainsi que des hérons et autres oiseaux. Les insectes font foison dans la nature à qui veut bien baisser un peu la tête. Les levers de soleil, toujours très ponctuels, sont un régal.
Au bord de l’océan, c’est aussi une faune foisonnante. Au milieu des coquillages vides se baladent des coquilles d’escargots de mer avec quelques pattes qui dépassent : des timides Bernard l’ermite qui y ont élu domicile. Leurs cousins les crabes bravent les vagues depuis les rochers. On aperçoit quelques poissons dans l’eau, mais aussi en dehors de l’eau ! Une particularité de certains blennies, que l’on trouve posé sur les rochers, au calme au bord de l’eau…
Je suis en vacances depuis hier, mais pas de temps à perdre : il faut préparer les valises ! Toute la famille est excitée. Le chat sent notre départ imminent et nous suit partout. A 13h, on prend la route direction Paris. On est cinq dans la voiture : mes parents, mes deux sœurs et moi. Le voyage se passe dans la plus pure tradition : Camille a ses pieds sur les épaules de maman, Lulu fait des mots mêlés, papa râle à cause des embouteillages… et moi je lit mon roman, Le Lion, de Joseph Kessel, livre qui se révèle particulièrement adapté à ce voyage en Afrique…
On arrive à Paris vers 16h… et forcement, on se perd. Les parents sont d’une humeur massacrante (le stress use de son pouvoir !), et on se fait disputer parce qu’on a eu le malheur d’exprimer notre impatience en chantant ! Finalement, on arrive au parking et on prend un mini-bus jusqu’à l’aéroport d’Orly, où on est finalement en avance. Lulu stresse de prendre l’avion – c’est la première fois – et on passe le temps en visitant toutes les boutiques. Les valises, elles, sont déjà parties dans les méandres de l’aéroport…
19h25
On vient de décoller, on est même encore en train de prendre de l’altitude. Drôle de sensation d’avoir le crâne écrasé… L’avion est plus petit que celui pour le Kenya. En ce moment, on vole à 746 Km/h, à 5000 m d’altitude. Avant de décoller, on est tous passés dans des détecteurs de métaux et, forcement, on a bipé (sauf papa). Du coup on s’est fait tripoter, au cas où on cacherait des baïonnettes dans nos chaussettes… A 19h05 (et oui, l’heure recule à cause du décalage horaire), les hôtesses de l’air nous servent un repas ultra industriel : hot-dog, salade de fruit (façon de parler, on n’a droit qu’à un morceau de chaque fruit), et boisson au choix.
21h40
Escale à Lisbonne. L’aéroport est un peu moins moderne qu’en France. On descend du premier avion directement sur la piste et on prend une navette pour aller jusqu’à l’aéroport. Dans l’avion, je suis assise à côté du sosie de Mr Bean.
Deuxième jour
5h00
Après 4h de vol, arrivée à Dakar, capitale du Sénégal, vers 3h du matin. Quand on sort de l’avion, une chaleur étouffante nous envahit. D’après les informations dans l’avion, il fait au sol 25°C… en pleine nuit. Accompagnée de cette chaleur, une forte odeur de mer ou de poisson. Contrôle des passeports, récupération des bagages sur le tapis roulant, puis on sort chercher la personne qui doit nous emmener à Mbour. Boubou nous attend avec un panneau « Labaude x5 » pour qu’on le repère (comme dans les films !). Il nous emmène jusqu’à une voiture. Boubou parle à son cousin et à d’autres personnes en Wolof, nous sommes à côté de la voiture mais on ne peut pas monter dedans… Finalement on comprend qu’il est garé illégalement, pour nous épargner une marche de trois quart d’heure. On doit donc attendre d’être seuls (des voitures de police faisaient des rondes) pour entrer dans la voiture. Dans le voiture, on est serrés comme des sardines en boîte, à 4 sur la banquette arrière avec Camille sur un siège dans le coffre, et le cousin de Boubou qui conduit à côté de papa. J’observe la ville que nous traversons. On se croirait dans une copie de la France, version africaine. Sur les panneaux publicitaires on retrouve des pubs Orange pour les portables, Crédit du Sénégal (à la place de Lyonnais)… Il est 3h du matin, et pourtant il y a un monde inimaginable sur les routes. Les gens roulent un peu n’importe comment. On croise des bus à l’allure un peu hippie avec des gens accrochés à l’extérieur tellement ils sont blindés.
80 Km plus tard, on arrive enfin à la maison, que l’on découvre avec un émerveillement non dissimulé. Il y a énormément de pièces, et toutes sont magnifiques. Rien qu’en bas, il y a 3 chambres, deux salles de bain, une cuisine et un grand salon. A l’étage, une grande pièce de repos, avec de nombreux canapés. Sans compter une terrasse, elle aussi parsemée de transats et de canapés… Quand on est monte sur le balcon, on découvre l’océan qui s’étend juste là, à quelques mètres devant nous, reflétant un ciel parsemé de milliers d’étoiles, sans un seul nuage. C’est bercée par les vagues que je peux enfin plonger dans un sommeil bien mérité…
10h30
Bonheur total. Je suis réveillée depuis une demi-heure. Camille et Lulu sont déjà parties se promener au bord de la mer. On n’a eu qu’à monter sur le balcon pour les voir, elles et la houle incessante et si agréable des vagues. Le temps est magnifique. J’ai déjeuné de la confiture d’hibiscus et de la confiture de pain de singe (le fruit du baobab). C’est délicieux.
Une heure plus tard, je suis en mode vacances : débardeur, pantacourt et nus pieds, allongée sur un des innombrables transats autour de la villa. On entend très proche d’ici les prières qui s’élèvent d’un minaret. Une petite brise fait murmurer les palmiers au dessus de nous et nous rafraîchit délicatement. Quelques oiseaux exotiques gazouillent. Maman vient d’apporter l’apéro en disant « Elle est pas belle la vie ! »
14h ??
Nous avons définitivement perdu toute notion du temps. Repas sur la terrasse, avec menu tomates, concombres, poulet froid accompagné d’un riz très différent de celui qu’on connaît en Europe, qui ressemble à de toutes petites graines brunes. Un peu de fromage (ramené de France car il n’y en a pas ici), sans oublier de prendre comme chaque midi notre cachet contre le paludisme. Et pour finir, oranges et bananes bien plus goûteuses que nos pâles copies de France.
Après le repas, petit tour sur la plage, à une centaine de mètres à peine. Le sable est tellement bouillant que je me demande si mes pieds ne sont pas cuits… La plage est plutôt déserte et jonchée de poissons morts, coquillages et pas mal de déchets, ce qui est du au fait que c’est une plage assez exploitée pour la pêche. La chaleur est tellement écrasant que nous rentrons au bout d’un quart d’heure. Sieste pour tout le monde, y compris les deux petits chats un peu sauvages qui se baladent dans la villa.
18h00
Vers 17h, nouvelle sortie plage. Cette fois, il y a un monde fou, surtout des Sénégalais, enfants et jeunes adultes. On parcourt la plage jusqu’à un endroit où beaucoup de monde se baigne, et qui n’est pas jonché de poissons morts. Petite baignade dans un océan sans doute plus chaud que la mer Méditerranée avant de continuer la balade. Les gens se montrent très amicaux, beaucoup nous disent bonjour et nous demandent comment on va. Il y a aussi des chevaux qui se baignent, des chèvres et des chiens sur la plage, dont un qui est venu s’accrocher à nous et nous a suivi tout le voyage du retour. Des enfants viennent nous parler, malgré la barrière de la langue.
21h40
Un peu plus tôt, Boubou et son frère Mamadou sont venus pour mettre en place avec nous le programme de la semaine. Boubou, c’est un peu notre guide ici. A part lui, Ndeye, une jeune femme, viendra tous les jours. C’est elle qui s’occupe du ménage et de la cuisine. Comme le surnom de Camille est « Boubou », la conversation s’est orientée sur les surnoms. En apprenant qu’on me surnomme « Cocotte », Boubou a juste dit « cocotte-minute » et est parti dans un fou-rire. On leur a offert un verre de Fanta, leur religion leur interdisant l’alcool. Pour ce qui est de leur religion, on entend les prières qui s’élèvent du minaret cinq fois par jour (la première a 5h du matin). L’endroit est bruyant même si on exclut le minaret. On entend beaucoup de gens parler, chanter, jouer du tam-tam… Beaucoup d’oiseaux aussi, et puis les vagues, des chèvres, des grillons. Après le repas, je monte sur le balcon admirer les étoiles. C’était magnifique.
Troisième jour
Matin
J’ai mes premiers coups de soleil de l’année ! Et des beaux, pas des petits joueurs… Maman éclate de rire à chaque fois qu’elle me voit. J’ai une nette trace de mes lunettes et une encore plus belle de mon débardeur. C’est assez compréhensible, après avoir passé toute la matinée sur la plage. On y a retrouvé Gaby, avec qui Lulu avait fait connaissance hier, qui est venu avec son cousin. D’autres personnes se joignent à nous petit à petit pour discuter comme s’ils nous connaissaient depuis toujours. Ils nous ont beaucoup parlé du Sénégal, des problèmes à cause du gouvernement, de leur vie ici…
Plus loin sur la plage, un grand groupe de gens qui sont en train de sortir de l’eau un énorme filet de pêche. Papa file les aider bien sur ! Dans le filet, il y avait beaucoup plus d’algues que de poissons. Après on s’est installé sur la plage, toute la famille et beaucoup de Sénégalais. Pendant ce temps Lulu était dans l’eau entourée d’une dizaine d’enfants et jeunes filles à qui elle donnait un cours danse improvisé. Quand j’ai été assez cuite, on s’est fait raccompagné jusqu’à la porte. A l’intérieur, une odeur délicieuse révèle les talents culinaires de Ndeye. Tomates et concombres avec un assaisonnement délicieux, riz chaud, patates douces, carottes au goût incomparable et dorades toutes fraîches… Et pour finir, fruits à gogo. Papaye et un autre petit fruit de la forme d’un œuf et de la texture d’un poire, oranges jaunes, sans oublier les bananes. Un délice !
Après-midi
On se promener jusqu’au port en début d’après midi, ce qui se révèle être une expérience assez éprouvante. Déjà parce que mes coups de soleil me brûlent énormément, mais surtout par le port en lui-même et le marché. Le port ne ressemblerait pas à un port si on enlevait les pirogues. Il s’agit juste d’une plage. Mais ici, des milliers de poissons ou coquillages sont entassés, à tel point que l’odeur en est insupportable. Juste derrière, le marché nous paraît aussi peu reluisant, quand on croise viande pleine de mouches ou poissons en décomposition. Les mouches, on s’en prend plein la figure quand on se promène. Plus loin, le marché se fait plus propre. On y trouve fruits, légumes, épices, poissons séchés, objets artisanaux (colliers, chapeaux, statuettes en bois…), et puis toutes sortes de choses (vêtements surtout). On se fait assaillir par beaucoup de gens qui veulent nous vendre leur marchandise ou nous servir de guide dans le marché, moyennant salaire. De retour sur la plage, on croise énormément de sportifs, au corps très musclé, et qui s’entraînent en courant, en faisant des pompes, ou en remontant des dunes de sable en marche arrière et en sautant à pieds joints. Par cette chaleur, c’est impressionnant. D’ailleurs Lulu a essayé et c’était à mourir de rire !
Quatrième jour
Ce matin, direction Dakar, capitale du Sénégal. Arrivés là-bas, on a prend une chaloupe pour aller jusqu’à la très touristique île de Gorée. A bord, il y a plus de touristes que de Sénégalais. L’île de Gorée est réputée à la fois pour sa beauté et pour sa tragique histoire. En effet, elle était un lieu de détention d’esclaves en attente d’être vendus. Ils y étaient logés les uns sur les autres dans des conditions atroces, entassés dans des pièces sans lumière. On y engraissait les plus maigres (les hommes devaient atteindre 60Kg), et les malades étaient jetés à la mer, un boulet accroché aux pieds. Ces pratiques ont duré jusqu’au début du XIX° siècle.
Outre la maison des esclaves, l’île propose des activités plus joyeuses. On visite l’atelier d’un artiste qui fait des tableaux en sable, en collant sur des toiles du sable de différentes couleurs naturelles pour en faire des paysages africains, des portraits et d’autres motifs, tous plus beaux les uns que les autres. On a droit aux explications de la technique en même temps qu’un musicien joue derrière nous de la musique traditionnelle sur un xylophone en bois. On trouve aussi sur l’île la « maison-bateau », la ruelle des amoureux, et la plage qui ferait pâlir de jalousie les plus belles de France.
L’après-midi, on a fait un détour au Lac rose, qui est réellement rose à cause d’algues et de micro-organismes. Il y a tellement de sel dans l’eau (qui est d’ailleurs très exploité), qu’on flotte tout seul. Le temps qu’on revienne jusqu’à la voiture, des vendeurs avaient installé devant bien à plat une centaines de tableaux.
On s’arrête un peu plus loin pour boire un coup à côté du lac. Dommage qu’ils ne servent pas de jus de baobab : j’en ai bu à midi et c’est délicieux ! Il y a encore un musicien qui joue d’un instrument traditionnel qui ressemble à une petite guitare. Un dernier tour dans les boutiques artisanales où un homme m’offre un porte bonheur en échange de la promesse de lui envoyer une lettre depuis la France (une correspondance que nous tiendrons par la suite quelques années). Ensuite retour à Mbour, on a file sur la plage où Lulu donne un cours de gym à des enfants. Je prends ma caméra, pour le plus grand plaisir des gosses qui sont morts de rire en se visionnant dessus. C’était fantastique. Dommage qu’ils ont du tous subitement partir pour aller prier. On est restées un peu sur la plage le soir. Après manger, Boubou est venu nous voir. Il nous a promis le barbecue du siècle qu’il allait faire lui-même, au poisson bien sur !
Cinquième jour
Journée absolument géniale. Ce matin, nous devions louer une voiture mais apparemment Mamadou, le frère de Boubou, avait perdu les clés. qu’à cela ne tienne, Boubou nous accompagne près de la route où on fait du stop ! Une voiture s’arrêt finalement, avec assez de place pour nous cinq, et deviens notre taxi de la journée. Pas de ceintures ni frein à main, on se demande même comment le véhicule roule encore… Au bout d’une heure, on arrive à Joal-Fadiouth, une petite commune. On a traverse un long pont en bois au dessus d’un bras d’océan très peu profond pour arriver sur l’île aux coquillages. Elle porte bien son nom : le sol en est jonché.
Sur l’île un guide nous a fait la visite, depuis l’église (visitée par Jean-Paul II !), jusqu’aux tam-tams sacrés qui servaient à envoyer des messages d’urgences. On a visite également le cimetière à la fois chrétien et musulman, où les tombes chrétiennes sont disposées en vrac alors que les musulmanes sont toutes orientées dans le même sens, selon leur religion. Ensuite on embarque dans une pirogue avec le guide et se fait balader à travers la mangrove, où vivent de nombreux oiseaux. Retour sur la terre ferme pour un bon repas : brochettes de lotte pour moi, sole meunière ou encore porcelet pour les autres, et bananes flambées en dessert ! On se prélasse quelque temps sur la plage de Joal-Fadiouth où une bande d’enfants nous a fait une démonstration de lutte. Puis retour avec le même taxi qu’à l’allée, à qui on avait donné rendez-vous.
En arrivant à la villa, direction la plage pour le cours de gym quotidien de Lulu avec les enfants. Puis direction le marché avec Boubou, qui nous y emmène en charrette ! Ou en taxi sénégalais comme on dit là-bas… Une expérience à ne pas louper ! On achète des souvenirs en bois avant de rentrer, de nouveau en charrette, conduite par un gamin et tirée par un cheval. Sur la plage, on est vite rejoints par nos nouveaux amis sénégalais, qui ne le paraissent d’ailleurs pas (nouveaux). Ici ce n’est pas comme en France où on doit suivre de longues formalités avant de se dire « amis ». Un mot pourrait bien exprimer ce sentiment : fraternité. Ou comme ils disent, la « famille élastique ». Ici, on appelle ça la Teranga sénégalaise, un terme qui veut dire que c’est accueillant et qu’on s’y sent bien. Encore un autre exemple pour illustrer cette convivialité sénégalaise : après le dîner, quelqu’un vient toquer à la porte. C’était le neveu de Mamadou, Djiby (qu’on ne connaissait pas) qui venait nous rendre visite. Car ici, on n’a pas besoin d’invitation pour allez chez son voisin. Il est rentré et on a parlé pendant des heures alors qu’on ne s’était jamais vus.
Sixième jour
Pas de grasse matinée aujourd’hui. Levés à 7h, on décolle à 8h pour la réserve de Bandia. On avait loué une voiture à Mamadou. Je ne sais pas ce qu’il avait fait avec, mais le siège de Lulu était tout trempé et puant. Le temps qu’elle s’en aperçoive, elle avait une belle tache au derrière ! A la réserve, nous montons un 4×4 sans toit. Le guide nous conduit à l’intérieur. Les animaux se succèdent, et nous pouvons descendre du 4×4 et les approcher pour prendre des photos. Les girafes sont à moins de 10m de nous, sans aucune barrière entre elles et nous. Vraiment impressionnant, même si ce n’est pas la même espèce qu’au Kenya où elles étaient beaucoup plus grandes. Plus loin, on croise une famille d’autruches, avec une ribambelles d’autruchons. Puis des singes, des petites gazelles, des chevaux sauvages et d’autres animaux. Assise à l’arrière du 4×4, cheveux au vent, je me sens dans mon élément. Moment fort et impressionnant, on s’approche de rhinocéros. Les deux seuls de la réserve car leur introduction ici est un essai. Nous descendons du véhicule, nous sommes à 5m d’eux, et ils continuaient à brouter, l’air de rien. Génial. On s’arrête ensuite près d’un baobab qui contient des ossements humains. C’est la tradition qui voulait que les griots (troubadours) n’aient pas le droit d’être enterrés car ils n’avaient pas travaillé la terre. A leur mort, ils étaient alors placés dans des baobabs creux. Depuis, cette pratique a été interdite. En continuant la visite, on passe devant un autre baobab, le baobab-éléphant, qui a véritablement la forme d’un éléphant. Les vrais éléphants sont en revanche absents de la réserve car celle-ci trop petite et ces animaux sont un peu trop destructeurs… De même qu’il n’y a pas de grands prédateurs pour éviter la disparition des gazelles. La visite se termine ) un point d’eau, où on descend du véhicule alors que des crocos se dorent au soleil à quelques mètres de nous et que des phacochères prennent tranquillement la pause quand on s’approche avec un appareil photo.
Après la réserve, on se rend aux falaises de Popengin. La plage ici est merveilleusement propre et la mer donne envie de s’y baigner. On mange dans un petit restaurant qui domine l’océan, et où le service est tellement long qu’on y reste trois heures ! Un petit singe se balade sur la terrasse du restaurant. Ensuite, retour à la villa et balade au bord de l’eau où on retrouve nos amis sénégalais. Papa sollicite d’ailleurs pour jouer aux dames. Le soir, tout le monde entre dans la villa, même Djiby qui est revenu avec une bouteille de Bissap (une boisson délicieuse), et un CD de Boney M. On a appris a faire Tchin-tchin en sénégalais : Ki-nding ka-ndang ! On a passé une soirée formidable et beaucoup rigolé.
Septième jour
Hier c’était Lulu, ce matin c’est maman qui a la turista. Du coup on passe la matinée tranquillement à la villa. Les enfants n’arrêtent pas de venir toquer à la porte pour voir Lulu et lui amener des dessins. La matinée, je la passe à lire mon roman Le Lion. Il y a une nouvelle femme avec Ndeye qui s’occupe du ménage, elle vient tout juste de rentrer de pèlerinage. Elles nous préparent un repas comme toujours délicieux, à base de poisson, riz, frittes, tomates, et concombres… Sans oublier les fruits (banane, pastèque).
L’après-midi, on part se baigner aux falaise de Popengin. Il y a des super vagues, et Lulu en profite pour nous montrer ses fesses. Sur la plage, impossible d’être tranquille. Il suffit qu’on s’installe pour que des femmes viennent déballer bijoux et autres, même si on leur dit qu’on ne veut rien.
Retour vers 5h30. C’est amusant quand on est en voiture de regarder le décalage des paysages. On a l’impression que deux époques se mêlent. On voit des chèvres qui se baladent, beaucoup de gens qui vendent fruits ou objets artisanaux, des maisons un peu anciennes, pauvres. Et puis il y a des marques célèbres dans ce décors rustique. Des pub directement peintes sur les maisons, des « magasins » où on vend quelques objets en bois, colliers… qui ont pour nom « E.Leclerc », « Auchan », « Carrefour »… Les voitures se mêlent, sur la route, aux charrettes tirées par des chevaux. Lorsqu’on s’arrête pour faire le plein d’essence, c’est un pompiste qui nous fait le plein.
Le soir, repas avec Boubou et Mamadou qui nous ont fait des Gambas grillées au barbecue. C’était délicieux, comme toujours. Encore une soirée avec nos nouveaux amis. Djiby, qui est couturier, nous a offert à toute la famille des petits sacs qu’il avait fait lui-même.
Huitième jour
Dernier jour de vacances. La semaine est passée beaucoup trop vite au goût de tout le monde. Le matin, on retourne au marché avec Boubou pour acheter les derniers souvenirs. On croise beaucoup d’élèves en uniforme scolaire. Papa a eu la turista d’un coup pendant qu’on se promenait. Peut-être à cause de l’eau qu’il venait de boire : de l’eau dans un sac en plastique qui est vendu un peu partout par les Sénégalais au marché. Christelle, chez qui on avait acheté des souvenirs, nous a refait des cadeaux à tous.
A 16h, Boubou vient nous chercher pour aller dans la brousse. On monte sur une charrette et on est partis. En s’éloignant de la ville, nous sommes de déchets, comme une gigantesque décharge en plein air. Chaque fois que nous croisons un enfant, il criait « TOUBAB ! » (le Blanc) en nous faisant des grands signes. En arrivant dans un village, des gamines se mettent à courir derrière notre charrette. On s’arrête et les enfants se rapprochent pour nous tenir la main. Je me retrouve avec une petite fille et un petit garçon sont restés attachés à moi presque tout le temps qu’on est restés dans le village.
Les femmes nous font visiter quelques maisons du village, des huttes qui ne comprennent qu’une seule pièce. Puis on se rassemble avec le chef, son fils et tout le reste des habitants du village. On a ramené des bonbons, jouets et gadgets de France, et le fils du chef les a distribué aux enfants, assis dans le plus grand calme. En repartant, on a croise une course de voiture, relique du Paris Dakar sans doute. Étonnant contraste avec le paysage.
Plus loin, on arrive dans un autre village où on nous a réservé le même accueil que dans le premier. On rentre à l’intérieur d’un immense baobab. Boubou nous dit de poser la main gauche sur la paroi intérieure du tronc et de fermer les yeux une minute. On l’appelle le Baobab Sacré. Sur le chemin du retour, on croise des enfants qui se mettaient à courir derrière la charrette dès qu’ils nous voient. Certains parvenaient à la rattraper et on voit alors des petites mains accrochées sur le rebord, le reste du corps invisibles, pendu dans le vide. On croise aussi Ndeye qui nous fait de grands signes.
On passe la soirée avec nos amis sénégalais. Au moment du départ, on se tombent dans les bras, Boubou, nos amis, Mamadou… moment d’émotion indescriptible par les mots. Et la voiture s’éloigne, en direction de l’aéroport, en direction de notre pays.
Dernier jour
00h30
Après un voyage interminable en voiture, chacun se repassant des souvenirs inoubliables, nous sommes arrivés à l’aéroport. L’avion décolle à 2h. J’ai un cafard pas possible. Je suis toute seule dans l’avion à côté d’un gars et du siège réservé au personnel de l’avion pour les décollages et les atterrissages. J’essaie de dormir mais ce n’est que par tranches de 2 minutes.
7h00
On est arrivé à Lisbonne. Je n’ai même pas vu l’atterrissage, étant dans un de mes épisodes de demi-sommeil. Il n’y a plus aucun Sénégalais ici. Juste des touristes européens. Nous avons 6h à attendre avant de prendre l’avion pour Paris. Alors on s’assoit. Je prend mon roman mais j’ai du mal à me concentrer. Les images de la veille me reviennent en tête. Personne n’est heureux de nous voire, personne ne manifeste l’envie de nous parler.
Le voyage de Lisbonne à Paris est rapide. On passe au dessus du Portugal, de l’Espagne, puis on survol l’océan Atlantique. A partir de ce moment, une couche de nuages semblables à du coton nous cache définitivement la vue. Pour atterrir, on les traverse. Et soudain tout devient gris, tout devient sombre. Il pleut. A l’aéroport, la valise de Camille a disparue. On la retrouve une heure plus tard au service des objets trouvés. La mienne a été ouverte de force. On monte dans le minibus qui doit nous ramener à notre voiture. Le paysage ne m’a jamais paru aussi moche. Tout est gris, tout est droit. Aucune couleur nul part. Personne dehors. Cette sensation de solitude qui pèsera sur moi toute la semaine prochaine commence déjà à m’englober. Le voyage en voiture est interminable. L’ambiance du Sénégal me manque. Les moments que j’y ai vécu étaient formidables. Les gens ne sont pas riches d’argent, mais riches de valeurs. L’amitié, le contact humain. Ici en France, nous sommes seuls.
L’Ukraine, monde de corruption, terre de guerre, théâtre de conflits sanglants, territoire déchiré entre des populations aux avis extrémistes incompatibles. L’Ukraine, terrain de tous les dangers, jadis la terreur des catastrophes nucléaires, aujourd’hui la frayeur des actes injustifiés et sanglants d’hommes rendus fous par la défense de leurs idéaux. L’Ukraine, résumée selon les médias manipulateurs qui ne jurent que par le sensationnalisme et une soif d’information du public proportionnelle à la morbidité des faits.
Malgré les évènements terribles qui s’y déroulent effectivement, c’est un autre visage de l’Ukraine que j’ai rencontré. Le visage d’un pays ensoleillé, d’une population qui suit son train de vie quotidien malgré tout, dans des décors qui n’ont rien à envier à nos villes. Le monde là-bas est un délicieux mélange de la modernité caractéristique de nos capitales et d’une tradition empreinte des dernières décennies. On y tombe souvent nez-à-nez avec cette sensation singulière que quelqu’un s’est amusé avec une machine à remonter le temps, mélangeant avec malice deux époques.
Kiev n’est ni plus ni moins qu’une fourmilière géante. Des centaines de panneaux publicitaires nous brouillent la vue sur des kilomètres avant l’entrée dans la ville. Puis viennent les avenues gigantesques où la circulation est plus périlleuse encore qu’à Paris. Je m’attendais à une ribambelle de vieilles voitures, mais la réalité se compose surtout des grosses berlines reluisantes, fonçant à toute allure sur les boulevards ou garées sans règles apparentes dans tous les endroits suffisamment grands pour accueillir une voiture. Trottoirs, places, et même au beau milieu des carrefours, tout ce qui n’est pas utilisé pour circuler est une place de parking potentielle. Même dans la capitale, on ne paie pas pour se garer.
Les grands bâtiments modernes partagent l’espace avec des immeubles de plusieurs dizaines d’années à l’allure vétuste. L’entrée dans ces habitations rassure peu. Sans syndicats pour s’occuper de l’entretien, on a l’impression de pénétrer dans un squat propice aux échanges crapuleux. Sombres, bruts, tagués dans tous les coins, on se demande un temps à quoi s’attendre en empruntant l’ascenseur lui aussi sans âge. Cependant, une fois la porte des appartements franchis, l’ambiance change du tout au tout. L’intérieur est soigné dans un décor qui nous rappelle la maison de nos grands-mères. De grands tapis recouvrent les sols, quelques fausses fleurs garnissent les étagères sans oublier une icône de Marie et l’enfant Jésus qui veille sur la chambre. On trouve pourtant un routeur dans un coin, et l’immeuble est doté d’un système de badge électronique. Au dehors, on croise quotidiennement cette femme autour de l’immeuble. Une guetteuse me dit Sergii, qui connaît les faits et gestes de tous les habitants et qui surveille que rien d’inhabituelle ne se produise.
Les rues les plus importantes de Kiev sont riches de magasins que l’on trouverait aussi bien sur nos Champs-Élysées, entre boutique Ferrari, Samsung, et toutes les grandes enseignes de vêtements. Mais ce qui est le plus intéressant se trouve en face. En plus des boutiques classiques, la rue est envahie de petits commerces par milliers. Ça commence par des sortes de baraques à frites cubiques dont les vitrines sont tellement envahies des produits proposés que le vendeur à l’intérieur n’est visible que par une ouverture aménagée sur quelques dizaines de centimètres. On y vend de tout, nourriture, presse, cigarettes, souvenirs… En marge de ces commerces, d’autres vendeurs exposent leur marchandise à même la rue. On y croise des femmes qui remplissent des gobelets de divers fruits secs et baies, des hommes qui proposent des babioles aux couleurs de l’Ukraine. Des dizaines de voitures garées à même le trottoir font office de cafetières : les coffres ont été entièrement aménagés pour accueillir des dispositifs élaborés distribuant diverses boissons chaudes. Certaines ont même des formes originales, comme ce véhicule en forme d’escargot rose pétant que l’on retrouve à plusieurs endroits, et dont la carapace dévoile un distributeur de boissons chaudes. Enfin, des gens dans la rue glanent de l’argent en proposant aux touristes des photos originales, en posant avec pigeons, faucons, porcelets ou macaques.
Pour les touristes, la vie a un prix plus qu’accessible. Pour une dizaine de centimes, on obtient une sorte de jeton d’auto-tamponneuse qui nous donne accès au métro. Si jamais, les taxis peuvent également nous emmener plus loin, un trajet d’une heure n’excédant pas une dizaine d’euros. Cela dit, il vaut mieux se garder de signaler qu’on est étranger : le riche touriste peut être invité à payer plus !
Kiev dispose de nombreux musées. Le prix d’entrée est dérisoire, mais chaque bonus est coûteux. A commencer par l’autorisation de prendre de photos, qui coûte plus cher que l’entrée elle-même. On peut ensuite payer un surplus pour monter dans cet avion en exposition, payer pour mettre en marche le cri du mammouth au muséum ou faire tourner cette animation, payer pour monter plus haut dans cette statue de la liberté version ukrainienne… La logique derrière tout ça est de permettre aux habitants moins fortunés l’accès aux musées tout en grattant sur les touristes plus aisés. Les musées disposent aussi de leurs étranges particularités. Dans chaque pièce de chaque musée, on trouve invariablement une dame, parfois donnant avec fierté des explications sur ce qui est exposé mais la plupart du temps assise sur une chaise à faire des mots-croisés. Ces femmes qui passent leurs journées presque immobiles au même endroit surveillent scrupuleusement les visiteurs. On est rapidement rappelés à l’ordre si on prend des photos sans avoir payé pour. Que l’on veuille aller dans un endroit « bonus », elles décrochent alors leur vieux téléphone à cadran pour appeler une guide. C’est ainsi que pour quelques euros, on a eu dans presque tous les musées des guides pour nous tous seuls, qui maitrisaient parfois l’anglais, mais qui s’exprimaient le plus souvent en utilisant l’ukrainien et le russe, deux langues qui sont maitrisées ici une grande partie de la population.
Enfin, je me dois d’évoquer la beauté de la capitale. On y croise beaucoup de bâtiments à l’architecture recherchée, des places richement décorées comme la belle Maiden, qui croule sous les hommages des gens abattus lors des manifestations ou des soldats partis combattre dans l’est. Le dimanche est une journée piétonne autour de la place, envahie d’une foule calme rassemblée autour d’une exposition temporaire au thème médiévale, sous un grand soleil et en musique. On croise plus loin le tournage d’une émission de chant d’intérêt national, et des démonstrations de techniques de combats antiques et de cavalerie. Bien sûr, un autre délice de beauté réside dans la majestuosité des cathédrales qui ponctuent la capitale. Bien loin de nos édifices sombres et ternes, les couleurs et les formes rappellent les palais des Mille et une nuits. Dans un ballet de tons blancs, verts et or se dressent des dizaines de tours aux toits arrondis et aux murs peints de tableaux lumineux. L’intérieur est plus époustouflant encore, on ne sait où donner de la tête devant tant de détails, de richesses, de couleurs. On trouve dans ces bâtiments de nombreuses reliques de Saints, allant jusqu’à des cercueils en verre datant de plusieurs siècles et qui dévoilent parfois des mains momifiées… Près de chaque relique se trouve un petit chiffon, utilisé par les croyants pour nettoyer la surface avant de l’embrasser. A l’intérieur des édifices, les photos sont interdites et les femmes se doivent de porter un foulard sur la tête, et un vêtement qui cache au minimum les genoux.
Quand on est atteints d’une soif de voyage et de découvertes, Kiev, tout en restant dans le confort d’une capitale développée, tient ses promesses de dépaysement. Entre traditions profondément ancrées et le désir de modernité des plus jeunes générations, ce sont de nombreuses autres surprises que j’ai pu découvrir dans ce beau pays. Sans compter que j’avais un guide d’exception qui a rendu ces moments encore plus magiques. Au final, ce n’était sans doute qu’un avant-goût avant mes nombreuses prochaines visites.
Parmi les villes incontournables du Cambodge, Battambang ne fait pas l’unanimité. Avant de partir, j’ai lu beaucoup d’avis favorables, mais aussi beaucoup d’autres moins enthousiastes. Verdict ? J’ai adoré ! Si la ville en elle-même ne présente pas d’intérêt particulier, ce qu’on peut y faire et ce qu’il y a autour apportent une dimension différente au voyage. L’occasion de découvrir la culture autrement.
Comment s’y rendre
La situation géographique n’est pas idéale. Située au nord-ouest du lac Tonlé Sap, Battambang est loin de Phnom Penh, et pas toute proche non plus de Siem Reap. Nous avons choisi d’y faire étape entre les deux, en nous déplaçant en minibus. La réservation se fait très simplement avec un mobile depuis le site www.bookmebus.com. Il faut compter 4h depuis Siem Reap, et 7h de route jusqu’à Phnom Penh en minibus express.
Il est également possible de relier Battambang et Siem Reap par bateau, dans les deux sens, en passant par le lac Tonlé Sap. Le voyage, bien plus long (une dizaine d’heure), est apparemment une aventure en lui-même ! Malheureusement, il est impossible en saison sèche.
Découverte du savoir faire local
Une fois n’est pas coutume, nous avons demandé à notre auberge de nous trouver un chauffeur de tuk-tuk pour une excursion. Ils proposent des programmes tout faits, mais nous l’avons organisé à notre sauce. Une fois le prix négocié, le chauffeur nous emmène où l’on veut.
Nous sommes plongés au cœur d’un marché local. Notre chauffeur s’arrête régulièrement. Ici, nous découvrons les “bamboo sticky rice”, un gâteau à base de riz collant, cuit dans une tige de bambou (d’où le nom !). On épluche ça comme une banane pour le déguster. Ça colle aux dents, mais c’est plutôt bon !
Marché local
Bamboo sticky rice
Bamboo sticky rice
Séchage du poisson
Plus loin, des pêcheurs ouvrent et étalent le poisson pour le faire sécher. Celui-ci provient du lac Tonle Sap, réputé comme l’un des plus généreux en poissons. Une autre façon de préparer le poisson est de le transformer en pâte, le Prahok. Le poisson est salé, fermenté, réduit en purée… La pâte servira comme condiment ou accompagnement. Nous apercevons sa fabrication, un peu effrayées par le manque d’hygiène. Notre guide nous dit que celui qu’il achète ne provient pas de cet endroit, pour cette bonne raison. L’odeur – conjuguée à la chaleur – est absolument insoutenable et nous nous éloignons bien vite !
Beaucoup plus charmant, nous assistons à la préparation traditionnelle de feuilles de riz, utilisées pour les nems ou rouleaux de printemps. Deux personnes suffisent. Une femme manie une machine qui broie le riz, puis elle mélange la poudre obtenue avec de l’eau avant d’en faire des crêpes gluantes, qu’elle fait cuire à la vapeur. Elle positionne ensuite les feuilles de riz obtenues sur un tourniquet en bambou, et un homme vient les récupérer au fur et à mesure pour les étaler sur une grande grille en métal, où elle pourront sécher en plein air.
Le train de bambou
A première vue, le “bamboo train”, appelé Norry, ressemble à une attraction purement touristique. Ces planches de bambou posées sur des rails sont propulsées par des moteurs bruyants. Des coussins permettent le confort de nos derrières, un luxe appréciable avec toutes les vibrations de l’engin ! La balade dure une heure, nous passons entre des rizières, voyant quelques buffles. Au bout du chemin, un arrêt avec bien sûr des “boutiques” souvenirs : peintures, vêtements, babioles… L’expérience est rigolote.
Ce que l’on sait moins, c’est que les trains de bambou, apparus dans les années 70, sont des moyens de transport encore utilisés par les Cambodgiens, et un moyen de subsistance pour ceux qui les conduisent. Dans la région de Battambang particulièrement, ils servent à transporter des gens, des marchandises, du bétail… Bien moins rapides que leurs principales concurrentes les mobylettes (30 km/h en moyenne), ils ont cependant un avantage de taille en saison humide : ils ne s’embourbent pas. Il n’y a qu’une ligne de rails, et les trains de bambou sont donc contraints de se croiser. Priorité à celui qui a le plus de personnes à bord, ou la plus grande charge de marchandise. Pour celui qui arrive en face, il faut alors débarquer tout le monde, enlever le moteur, la planche et les essieux le temps que l’autre plateforme passe, puis tout ré-assembler.
Norry, moyen de déplacement traditionnel
Wat Samrong Knong
Cette pagode est l’une des plus anciennes de la province (1707). Comme souvent au Cambodge, l’histoire tragique du pays se mêle à la beauté des lieux. Notre guide nous apprends que la pagode a été réquisitionnée par les Khmers Rouges pour servir de prison. En face se situe un temple plus récent. La porte est ouverte, de la musique est diffusée par des hauts-parleurs. A l’intérieur, une grande statue de Bouddha drapé dans un tissu orange et rouge fait face à la porte, et domine d’autres statues plus petites, ainsi que des photos et des fleurs. De retour dans le tuk-tuk, notre guide nous raconte sa propre histoire, les conséquences que l’époque des Khmers Rouges a eu sur lui et sa famille : un exil forcé, une vie cachée à la campagne avant de pouvoir revenir à Battambang en découvrant que tout ce qu’ils avaient laissé derrière eux n’existait plus.
La maison de Mme Bun
A Battambang subsistent quelques maisons traditionnelles khmers, dont certaines peuvent être visitées. C’est le cas de la maison de Mme Bun (Mrs. Bun Roeung’s Ancient House). Cette maison coloniale du début du XXème siècle est encore habitée par sa propriétaire. Réquisitionnée par les Khmers Rouges, elle est une des rares à ne pas avoir été détruites. A la fin du régime, Mme Bun est revenue y vivre dans l’espoir que le reste de sa famille disparue l’y rejoindrait un jour. Aujourd’hui âgée, Mme Bun continue d’accueillir les visiteurs et discute volontiers dans un français impeccable. Le haut de la maison contient les meubles d’origine et de nombreux objets d’époque, constituant une sorte du musée. Le neveu de Mme Bun s’occupe des explications. La visite et la rencontre de la propriétaire sont émouvantes.
Ferme aux crocodiles
Comme l’indique son nom, la ferme aux crocodiles est un endroit où sont élevés des crocodiles. Elle fait souvent partie des arrêts prévus dans les excursions. D’un côté, la visite permet de voir ces imposants animaux de près. Frissons garantis, quand l’un se met à bouger avec brusquerie, provoquant les réaction de l’ensemble du groupe. On les observe du dessus, une simple barrière en métal nous empêchant de tomber dedans. On a des fourmis dans les jambes rien qu’à imaginer cette possibilité… Pour attirer les touristes, un bébé crocodile est gardé dans l’entrée, que l’on peut toucher et même prendre dans ses mains. D’un autre côté, on peut se sentir mal à l’aise. Les animaux sont élevés dans le but d’être ensuite tués, comme tout élevage, pour leur viande et pour leur peau. Ils sont entassés dans des enclos peu spacieux. On préfèrerait les observer dans de meilleurs conditions…
Cours de cuisine
Parmi les expériences les plus intéressantes du voyage, nous avons pris un cours particulier de cuisine dans un restaurant de Battambang, le Coconut Lyly. Ce n’est pas le seul restaurant de la ville à proposer des cours, mais après y avoir mangé le soir de notre arrivée, nous avons trouvé la cuisine tellement bonne que nous avons voulu en apprendre les rudiments !
Nous avons rendez-vous 15h30 (nous sommes simplement passées 1h plus tôt pour réserver). Première étape, virée au marché à quelques pas avec le propriétaire de ce restaurant familial pour acheter les ingrédients manquants. Nous avons droit à des explications sur les fruits et légumes que l’on trouve sur les étales. Le lait de coco de notre recette est extrait devant nous. La partie sèche (que nous consommons sous forme de farine) est ici destinée à nourrir les poules ! Retour au restaurant où nous sommes installées, ma sœur et moi, sur une grande table. C’est la femme du propriétaire qui prend le relai. Elle nous habille d’un tablier. Nous avons un petit livret avec les recettes, où nous choisissons trois plats que nous allons préparer : curry de poulet, bœuf Lok Lak et nems cambodgiens, ainsi qu’un dessert, une glace de lait de coco à la vanille et zestes de citron vert. Nous faisons nous-même toutes les étapes de la préparation, y compris la pâte de curry à l’aide d’ingrédients bruts et broyés dans un mortier. Après deux heures de cuisine, nous dégustons nos chefs-d’œuvre qui sont très réussis. Nous avons passé un excellent moment avec des personnes très gentilles, et avons mangé un grand repas délicieux avec la fierté de l’avoir préparé, pour un prix vraiment attractif : 10$ par personne. Activité à ne pas manquer ! Nous repartons avec notre livret de recettes, et même un certificat pour prouver nos nouvelles compétences !
Nos œuvres en cours de préparation
Soirée au Phare Ponleu Selpak
Qui aurait pensé qu’on assisterait à un spectacle de cirque au Cambodge ! Les étudiants de cette école de cirque proposent deux représentations par semaine, et elles valent le coup d’œil. En première partie, de jeunes danseuses en tenue nous font une démonstration de danse traditionnelle cambodgienne. Ensuite, place aux artistes : une petite troupe de jeunes gens talentueux dans de nombreux domaines, allant des acrobaties au jonglage, mais aussi une grande créativité. Avec des objets simples, le spectacle dont la thématique est “Influence” embarque le spectateur dans une réflexion poétique et émouvante. Le tout est accompagné par deux musiciens, eux aussi talentueux. Les représentations s’adressent autant aux touristes qu’aux locaux, et nous avons la chance d’embarquer dans le tuk-tuk d’une petit famille pour le retour. Les deux jeunes enfants sont ravis de nous raconter leur journée dans un anglais très satisfaisant.
Les autres points d’intérêt
Une soirée et une journée, c’est tout le temps que vous avons passé à Battambang. Notre voyage a malheureusement dû être écourté, le coronavirus commençant à devenir inquiétant en Chine… Impossible donc de tout visiter, même si nous avons déjà eu une riche journée !
Dans la campagne autour de la ville, on trouve quelques temples anciens, comme le Wat Ek Phnom, temple hindou construit au 11e siècle, ou encore le Vat Banon, construit à la même époque au sommet d’une montagne de 400 mètres de haut. La ville comporte elle-même quelques pagodes récentes comme Wat Tahm-rai-saw.
A une douzaine de kilomètres de la ville se trouve l’ensemble de temples de Phnom Sampeau, ainsi que les tristement célèbres “killing caves”, lieu où les Khmers Rouges ont torturé et massacré des gens. C’est aussi ici que l’on peut admirer la grotte des chauves-souris (“bat cave”). Cette attraction far de Battambang nécessite d’être sur place vers 17h30. Les personnes qui y sont allées n’ont apparemment pas été déçues : au coucher du soleil, le public assiste à la sortie de milliers de chauves-souris de leur grotte, dans un flot incessants de battements d’ailes. Les vidéos sur internet sont impressionnantes, la grotte semble se vider indéfiniment de ses occupantes.
Le réveil sonne à 6h20 à Bures. Camille, ma petite sœur, est arrivée hier soir. Nous nous levons tous les trois et partons pour l’aéroport à 7h30. Dans le RER, une fille paniquée tire l’alarme car le train ne s’arrête pas à son arrêt où elle a un examen. Eh oui, c’est toujours la grève ! Il fait super froid, heureusement que Sergii, mon mari, nous accompagne pour récupérer nos manteaux. Triste de partir sans lui. A l’aéroport, beaucoup de gens portent un masque pour se protéger d’une épidémie de coronavirus chinois. On les enfile aussi et on les gardera jusqu’à notre arrivée à Phnom Penh. Le vol est long, Camille ne fait que manger. Je regarde deux films et dors pas mal.
Dimanche 26 janvier 2020
Le vol entre la Chine (escale) et le Cambodge est moitié vide. Camille renverse tout son verre d’eau sur son siège et se retrouve assise dans une mare. A Phnom Penh, l’aéroport est quasi désert et ça ne nous prend même pas un quart d’heure pour régler les formalités et récupérer nos sac-à-dos. La chaleur à l’extérieur est littéralement écrasante. On prend un tuk-tuk jusqu’à notre première auberge. La ville est animée, les routes encombrées de scooters, voitures et tuk-tuks. Aucun règle de circulation ne semble exister. D’ailleurs, notre tuk-tuk percute un scooter. Normal. Il est midi heure locale, 6h du matin en France. On dépose nos sacs-à-dos au Mad Monkey Hostel. L’endroit est fait pour les fêtards, piscine, restau, bar, musique à fond… On se change rapidement (chaleur oblige) puis on part à pied jusqu’au Palais Royal. Vingt-cinq minutes plus tard, on découvre qu’il n’ouvre qu’à 14h. Nouveau tuk-tuk (pour 3$ US la course) et on arrive au musée du génocide, un endroit où ont été torturés et tués des centaines de personnes par les Khmers Rouges, il y a à peine 30 ans… Les endroits ont été laissés tels quels et de nombreuses photos de prisonniers encore vivants ou déjà torturés à mort sont exposées. C’est vraiment poignant. L’audio-guide nous permet d’écouter les témoignages de très rares survivants. Nous retournons ensuite au Palais Royal. Comme au musée, il faut cacher ses jambes pour entrer. Le palais est magnifique, richement décoré, entouré de beaux jardins. Des statues de Bouddha sont présentes partout. Une petite parenthèse enchantée dans cette ville très agitée ! Nous allons à pied jusqu’au restaurant “Friends”. Il n’est pourtant que 17h. Au menu, burger végétarien, chips de légumes, tartinade d’aubergines, et boissons à base de jus de citron. Un délice ! Et comme il y a un salon de massage juste en face, on se fait faire 60 minutes de massage thaï pour seulement 10$ chacune. Mon corps cassé par les heures d’avion (et la marche en sandalettes qui m’a déjà provoqué des ampoules sous les pieds) apprécie, et je dois vraiment lutter pour ne pas m’endormir. Tuk-tuk, retour à l’auberge. Au dessus de notre chambre,une soirée bat son plein ! Pour nous, c’est douche plus que bienvenue, racontage de la journée sur ce carnet, et repos mérité !
Lundi 27 janvier 2020
Deux tentatives ratées de réveil à 8h30 et 9h30, levées à 10h. On range nos affaires, on se met en maillot de bain, on met nos sacs-à-dos dans le local à sacs-à-dos puis détente au bord de la piscine de l’auberge jusqu’à midi. Ensuite, on va en tuk-tuk jusqu’à l’arrêt de bus, où on s’installe à l’avant d’un minibus pour 3h de trajet jusqu’à Kampot. Les paysages défilent, beaucoup de bicoques au bord de la route. Pas mal de zébus et énormément de déchets plastique partout. La circulation est dense et dangereuse. Les routes sont horribles. Les véhicules se doublent de tous les côtés y compris quand d’autres arrivent en face. Ca ne m’empeche pas de tomber de sommeil vers la fin du voyage. A notre arrivée à Kampot, nous marchons un peu jusqu’au restaurant “Simple Things”, végétarien, éco-friendly et éthique (il finance des installations pour des écoles, propose des cours de yoga, …). Délicieux smoothie banane-mangue, rouleaux d’aubergines au pesto et rouleaux de printemps mangue-crudités sauce cacahuète. Il est 17h. On profite du wifi pour réserver une chambre pour ce soir et on s’y rend en tuk-tuk. Il s’agit de petits bungalows en bambou très rudimentaires, avec des toilettes et une arrivée d’eau (froide) dans une “pièce” accolée, sans sol. On voit à travers toutes les cloisons et tous les insectes s’invitent sans problème. Heureusement qu’il y a une moustiquaire autour du matelas ! Après avoir posé nos affaires, nous allons nous installer au bord de la rivière Kampot, dans une petite cabane sur pilotis. Moment détente. Puis retour au bungalow pour une douche et la planification de la suite (on se rend compte que c’est à Kep que nous voulions aller en premier, et pas à Kampot !)
Mardi 28 janvier 2020
Nuit horrible. Pas à cause de bêtes, mais du bruit incessant toute la nuit. La route juste à côté, les chiens, le coq, le restau d’à côté… Le ventilateur aussi, pourtant impossible de dormir sans avec cette chaleur étouffante. Dommage car le reste est top ! On se prend un petit-déjeuner à base de jus de fruits frais (pastèque pure pour moi), de fruits (ananas, fruit du dragon, pastèque) et toasts au beurre de cacahuète et bananes. Pas le temps de le finir, on le met de côté pour filer au cours de yoga donné sur place. Une dizaine de personnes sont déjà en mode méditation sur des tapis de sol. La séance de 1h30 est top, accessible pour les débutants. Je suis un peu distraite par les jolis papillons, les fourmis devant moi et les étranges sons environnant. Après avoir fini notre petit-déjeuner au bord de l’eau et bouclé nos affaires, nous montons dans le même tuk-tuk qu’hier qui est venu nous chercher. Direction la plantation de poivre. La route est goudronnée au début mais se transforme rapidement en piste jonchée de trous. Nous sommes secouées dans tous les sens. Par contre le paysage est sympa, beaucoup plus verdoyant, avec la montagne en arrière-plan. Malheureusement toujours aussi sale, avec des détritus partout. Nous voyons beaucoup de poules, chiens, zébus et même quelques buffles. Beaucoup d’enfants nous crient “hello !” quand on les croise. Les bicoques s’alignent tout le long de la rue, alternant entre habitations et petites boutiques où l’essence est vendue dans des bouteilles d’eau. Nous passons devant le “secret lake”, lac artificiel où pêchent quelques locaux. A la plantation de poivre, nous découvrons un espace magnifique parsemé de plantes en tous genres. Visite guidée gratuite et en français de cet organisme sociale, créateur de centaines d’emplois et qui permet de produire le meilleur poivre du monde ! Ils pratiquent l’agriculture biologique et favorisent la biodiversité en plantant de nombreuses autres espèces autour des poivriers : citronnelle, bananes, fruits du dragon, durian… Le poivre pousse sur des plantes montantes sur des poteaux de 4 m. Il est entièrement récolté et trié à la main. Poivres vert, rouge, noir ou blanc viennent tous de la même plante, à des stades de maturité différents. Après la visite, dégustation de poivres, et achat de nos préférés. Puis un dessert excellent dans le restaurant de la plantation, une glace à base de coco, mangue et passion, saupoudrée de poivre rouge. Un petit serpent provoque une mini panique sur la terrasse du restau, mais un cuistot accourt et en vient à bout.
Quelques photos et nous voilà reparties avec notre tuk-tuk, en direction de Kep. Après avoir déposé nos affaires, nous empruntons les vélos de notre maison d’hôte pour aller admirer le soleil couchant sur l’océan et visiter le marché aux crabes. En plus des crustacés, on y trouve de nombreux poissons, poulpes et calamars grillés sur des brochettes, prêts à être consommés. Nous préférons quand même un restaurant qu’on nous a conseillées, où on y déguste bien sûr du crabe ! Un délice. Il fait nuit noire quand on retourne à la maison d’hôte après quelques arrêts sur la route pour acheter des mangues, de l’eau et quelques gâteaux. Notre chambre est super spacieuse, avec un grand lit et une salle de bain ouverte sur la chambre. Il y a encore de l’ambiance avec un mariage dans la rue à côté et un gecko tokay caché dans la chambre qui fait un bruit étrange, comme un jouet pour chien, en beaucoup plus puissant ! Douche et réservation des prochaines nuits, puis dodo.
Mercredi 29 janvier 2020
Bien dormi, le gecko a été sage. Levées à 8h. On se prépare rapidement et on décolle vers 9h à la recherche d’un tuk-tuk. Après un peu d’attente et une proposition indécente, on en trouve un qui nous amène jusqu’au jardin aux papillons pour 2$. L’endroit est charmant. Dans une grande serre volent des dizaines de papillons. Un paradis pour la photographie, mais pas possible d’y rester trop longtemps car on a prévu une randonnée dans le parc naturel juste à côté, censée durer 2-3h. En cherchant l’entrée, on tombe sur un grand complexe de charmants bungalows, complètement abandonné. Les meubles y sont encore, les lits sont faits et apparemment il y avait même le wifi. Faute de clients ? On trouve un chemin qui pourrait être l’entrée du parc, mais qui semble lui aussi abandonné, avec une végétation qui déborde de tous les côtés et des moustiques qui s’en donnent à coeur joie. Demi-tour et aucun taxi dans ce lieu si reculé. Petite randonnée quand même donc, pour rejoindre la ville, sous un soleil tapant. On repasse à l’auberge chercher nos gros sacs-à-dos. Je commande un tuk-tuk avec PassApp, le Uber local, qui arrive deux minutes plus tard. Direction les restaurants à côté du marché aux crabes. Poisson pour moi, crabe pour Camille, le tout arrosé de jus de pastèque.
On reprend le même tuk-tuk pour faire la route jusqu’à Kampot. Nous dormons dans des dortoirs ce soir, au Monkey Republic. Le lieu est très chouette, avec des parties communes sympa : bar, restaurant, billard, terrasse… Les chambres sont bien aussi, les lits superposés sont dotés de rideaux, lampes et prises individuelles, et c’est climatisé. Après avoir posé nos affaires et demandé les bons plans (notamment réservation du bateau demain), nous partons à pieds à quelques rues de là échanger le reste de nos euros : nous avons déjà dépensé près de 450$ ! Après un petit tour en ville, nous embarquons sur un minuscule bateau qui semble miteux, avec une quinzaine d’autres passagers. C’est parti pour plus de 2h de balade sur la rivière, le Kampot, avec une noix de coco fraîche chacune à boire pendant le trajet (alors qu’on s’était arrêtées juste avant le bateau dans un petit restaurant pour boire un jus de pomme-carotte et un jus… de coco frais !). Je ne pensais pas que les cocos étaient si énormes, si lourds et renfermaient autant d’eau. Ni que cette eau était si sucrée, sans avoir un goût de coco. Plutôt très bon ! La croisière est sympa, on passe devant plein de lodges, y compris celui dans lequel nous avions logé il y a deux jours. A la tombée de la nuit, le capitaine approche le bateau des feuillages pour qu’on puisse y voir clignoter des lucioles. Retour sur la terre ferme, et direction une place pleine de stands de street food. On commande des nouilles sautées aux légumes pour 2$ l’assiette, un délice ! Et pour finir la journée en beauté, on se rend au “Golden Hands”, un salon de massage, pour un massage traditionnel khmer aux huiles. Très différent du massage thaï de Phnom Penh. Les masseuses sont très pro (aucune n’a mangé de chips sur Camille, contrairement au massage thaï), l’endroit est classe, bien aménagé, avec de la musique et une bonne odeur qui flotte dans l’air. L’huile de massage doit être au baume du tigre car elle laisse une sensation de froid sur la peau. Le massage se termine avec la tête et le visage – au top – et un thé à la coco avant de partir. Retour à pied, détendues, parées pour notre première nuit en dortoir et avec pour Camille l’angoisse du bateau en pleine mer demain !
Jeudi 30 janvier 2020
Levées à 7h15 après une bonne nuit dans des dortoirs très calmes. Petit-déjeuner avec des gâteaux achetés la veille dans une micro-superette-habitation. A 8h, le bus vient nous récupérer. Direction Sihanoukville, à 2h30 de route. La ville est absolument affreuse, un chantier à ciel ouvert où l’air est irrespirable, saturé de poussière et de pollution. De grands immeubles neufs promettent un futur Las Vegas à la chinoise. Après 40 minutes d’attente sur le quai, nous montons dans un bateau. Camille flippe. Pour rien. Le trajet se passe tout seul, on sent à peine le bateau tanguer ! Trois quarts d’heure plus tard, nous débarquons sur la plage paradisiaque de Koh Rong Samloem. L’endroit est non seulement magnifique, mais également plutôt propre, une première au Cambodge. Nous rejoignons notre auberge sans quitter la plage. Très bonne ambiance, dortoirs confortables, bar, restaurant, tables de ping-pong, billard… On va ensuite se poser dans de gros fauteuils confortables sur la plage pour manger des nems et des pad thaï. Petite séance photo sur la plage, qui présente de jolies balançoires au bord de l’eau. Puis farniente sur la plage ! Un nouveau restaurant quelques heures plus tard, toujours sur la plage. La plupart ont sorti le barbecue. On se prend un poisson grillé au barbecue, avec maïs grillé, patate, garlic bread et délicieuse sauce au poivre. Et des beignets de banane en dessert, avec de la pâte à tartiner au choco en prime. Autant se faire plaisir jusqu’au bout ! Sur la plage, il y a des jongleurs de boules en feu. Dans le bar à côté, un chanteur-guitariste plutôt doué. La soirée est vraiment agréable. En rentrant à l’auberge, on se fait quelques parties de ping-pong (3 à 1, en faveur de Camille…). Une bonne douche revigorante (à l’eau froide bien sûr). L’ambiance est à son comble à l’auberge : soirée karaoké ! Moi je squatte le lit de Camille pour écrire notre journée !
Vendredi 31 janvier 2020
Nuit confortable dans ma petite bulle entourée de rideaux. Réveil avec un bruit de climatisation qui s’avère être… le bruit du mauvais temps ! Pluie et vent… Du coup, on reste une heure de plus au lit avant d’aller prendre un bon petit-déjeuner au restaurant de l’hôtel : pancakes et thé. Puis on se pose à l’abris sur des fauteuils pour bouquiner tranquillement. Un chat allongé sur moi nous tient compagnie. Quand le temps se calme, nous partons nous balader sur la plage. On tente de traverser l’île pour rejoindre les plages de l’autre côté mais on fait demi-tour après deux tentatives sur des mauvais chemins. Finalement on retourne paresser dans les fauteuils suspendus. Vers 16h, on se pose sur la plage dans le même restaurant qu’hier soir. Au menu, riz avec fruits de mer (mini-pieuvres et calamars) et un délicieux curry de légumes aux noix de cajou. Le temps s’est nettement amélioré, la température est idéale et on voit presque le soleil. On retourne se percher sur nos fauteuils suspendus préférés. Un chat s’installe sur moi et y reste quelques heures. Bouquinage et papotage. Le soir, nous allons nous installer dans d’autres fauteuils sur la plage pour satisfaire une envie de gras : frites de patates douces et “poutine” (frites avec du fromage fondu), servis avec deux délicieuses sauces. Le tout arrosé d’un jus de pastèque pour Camille et deux “Woo woo” (cocktails à base de vodka) pour moi (car c’est l’happy hour et le deuxième est offert). Camille veut absolument que je les finisse mais j’ai déjà bien la tête qui tourne. On retourne à notre auberge et on s’installe sur des matelas-transats pour discuter. On se rue sur la table de ping-pong dès qu’elle se libère. Cinq parties endiablées où on se donne à fond et on rit comme des dindons ! Victoire de Camille avec une partie d’avance. On part se doucher puis dodo à minuit passé après une excellente soirée.
Samedi 1er février 2020
Encore bien dormi. On se lève tranquillement pour un petit-déjeuner sur les coussins du restaurant de l’auberge. Muesli, fruits frais, yaourt et thé. Rangement des affaires car c’est notre dernier jour ici. On laisse nos gros sacs-à-dos dans un coin prévu à cet effet et, après avoir validé l’heure du retour en bateau, on va s’allonger sur la plage. Le temps est magnifique. On se baigne dans l’océan. Eau chaude, sable blanc, petits poissons qui nagent autour de nous… Vers 14h30 on retourne à notre restaurant favoris sur la plage. Nouvelle assiette de curry de légumes aux noix de cajou (on avait trop aimé hier) avec riz, et crevettes et calamars frits. Assiette de fruits frais en dessert : bananes, mangues, ananas et fruits du dragon. On retourne à l’hôtel pour se changer et récupérer nos affaires, puis longue marche de… 10 minutes sur la plage pour rejoindre l’embarcadère. On retrouve des Françaises qui étaient arrivées par le même bateau mais ont séjourné de l’autre côté de l’île. Le voyage en bateau est un brin plus mouvementé qu’à l’aller, Camille est en stress. Sihanoukville est toujours aussi moche. On trouve un tuk-tuk conduit par un gamin qui nous emmène dans notre nouveau gîte pour 5$. Nous logeons dans une grande cabane en bois sur pilotis, à côté d’une mangrove. Pas d’araignée dans notre chambre malgré le mur plein de trous et interstices, mais on y trouve un crapaud et des geckos. Douche à l’eau froide, et planification de nos visites à Angkor. On profite aussi que ça soit le weekend pour appeler mari, petit-copain (pour Camille) et les parents.
Dimanche 2 février 2020
Pas de grasse-matinée, nous nous réveillons à 8h. Rapide petit-déjeuner à base de gâteaux d’avoine. A 9h, un tuk-tuk que je viens de commander via l’application PassApp vient nous chercher pour nous emmener à l’aéroport international de Sihanoukville. On voit que tous les avions à destination de la Chine sont annulés… Ca craint pour notre retour où on est censées y faire escale. Presque tout le monde porte un masque dans le minuscule aéroport. On embarque en allant directement sur le tarmac. Les 40 minutes de vol passent vite, et nous arrivons vers 13h à Siem Reap. Un tuk-tuk plus tard, nos affaires sont posées dans notre auberge de jeunesse, le “Cozy Cloud”. Nous partons à pied découvrir la ville sous une chaleur intense et une faim de loup. Les rues sont animées et nettement plus propres que dans les autres villes (hormis les îles). Les prix sont super bas, notre pouvoir d’achat a doublé ou triplé si on considère la nourriture, les boissons et les massages. Du coup, on s’arrête dans un petit restaurant sur rue pour un jus de fruits frais (mangue pour moi, passion pour Camille), à 75 centimes de dollars le jus ! On marche ensuite jusqu’au vieux marché et au marché d’arts. Je me prends deux débardeurs à 1$ pièce, ainsi que du baume du tigre. Camille se prend un petit éléphant fabriqué en tissu. On se dégote aussi un salon de massage au fond du marché. Installées dans des fauteuils à l’extérieur, on profite d’un massage des pieds, mollets et dos pendant 30 minutes pour… 2 dollars chacune ! On visite aussi le marché aux légumes et épices. Ca donne envie ! Finalement, on se décide à manger de la street food. La rue qui longe le marché est parsemée de motos avec charrettes ambulantes qui sont en fait de mini cuisines de rue. On goûte d’abord des “Nom Khruok”, sortes de beignets de riz et coco fourrées au maïs. Un délice. On se prend ensuite une banane frite (25 centimes…), un beignet de légumes avec des pousses de soja sautées, puis des nems végétariens qu’on mange attablées sur mini table en plastique et chaises d’enfant. Une crêpe banane-nutella pour finir. Histoire de faire passer tout ce (délicieux) gras, on retourne se prendre un jus de fruits frais : pastèque pour moi, passion pour Camille. Un peu de shopping pour acheter des sortes de baumes du tigre cambodgiens, et de quoi déjeuner demain matin (on se lève tôt pour la visite des temples). Retour à l’auberge et, une fois n’est pas coutume, douche chaude !
Lundi 3 février 2020
Le réveil sonne à 4h du matin. Préparation rapide et petit-déjeuner dans l’espace commun devant la piscine : gâteaux, petits pains et mini-bananes. A 4h40, notre conducteur de tuk-tuk pour deux jours vient nous chercher : Sopheak (+855 88 386 0898). Il fait froid en t-shirt avec le vent du tuk-tuk. Premier arrêt pour l’achat d’un pass de trois jours (62 $), nominatif (on est prises en photo). Puis direction le temple d’Angkor Vat, le plus connu. Le tuk-tuk nous laisse sur le parking et on marche un petit moment dans le noir, avant de s’installer face au temple devant une petite étendue d’eau. Aux premières loges pour voir le soleil se lever ! Il se fait attendre : il fait déjà bien jour quand on l’aperçoit enfin. Joli spectacle tout de même, observé par des centaines de touristes. Après quelques photos, nous rejoignons notre tuk-tuk qui nous emmène dans un temple assez désert : Preah Khan. C’est juste complètement impressionnant. Les ruines sont super bien conservées, on distingue très clairement de nombreux motifs. Les murs sont en partie écroulés mais les pierres demeurent aux alentours, comme un puzzle 3D géant qui n’attend que d’être reconstitué. La végétation a été largement élaguée pour rendre le temple visitable mais on voit que le temps a permis qu’elle reprenne ses droits : des arbres aux racines immenses, les fromagers, poussent sur les toits des temples. Les bruits de la forêt environnante sont ravissants, un aperçu de la jungle. On croise quelques bestioles : punaises rouges et noires, araignées, papillons, chauve-souris à l’intérieur du temple… Des Cambodgiennes présentes dans le temple nous font visiter la “chambre de la reine” où un Bouddha drapé d’orange fait face à une petite vieille assise par terre. On nous plante un bâton d’encens allumé dans la main et nous exhorte à faire trois petites révérences à Bouddha avant de planter le bâton dans un gros bouquet d’encens (et accessoirement donner de l’argent si on le souhaite…). On sort du site du temple par la mauvaise sortie (notre tuk-tuk nous attend de l’autre côté), c’est reparti pour un tour ! Pour accéder au temple suivant, le Neak Pean, nous traversons un grand ponton en bois posé sur une grande étendue d’eau. Rien à visiter, il s’agit d’un grand bassin avec une construction (inaccessible) en son centre. Tout de même très joli. Quelques araignées à prendre en photo ! Nouveau tuk-tuk jusqu’au Ta Som. Un gars se fait agresser par un macaque après l’avoir bien provoqué depuis quelque temps. Dans l’entrée (voir l’intérieur) de presque tous les temples, un groupe joue de la musique et de nombreux vendeurs (souvenirs, fruits) nous accostent. Surtout des femmes et des jeunes enfants. Les temples suivants, East Mebon et West Mebon, sont différents. En pierre rosâtre, faits de petites briques et non de gros blocs, ils sont construits tout en hauteur et dominent la jungle. Impressionnant. La chaleur est écrasante, on fait une pause repas. Restaurant où on est allongées sur des matelas, posées sur de petites plateformes surélevées, sous un ventilateur à l’extérieur. Pad thaï pour deux. Détente, puis reprise des visites avec Ta Prohm, Banteay Kdei et Srah Srang (une plateforme faisant face à un bassin). On retourne à Siem Reap en milieu d’après-midi. Quel bonheur d’échanger le t-shirt (obligatoire dans les temples) contre un débardeur ! On dépose le linge sale dans une blanchisserie et on retourne au marché manger des Nom Khruok et se faire masser les pieds. Puis balade au marché nocturne (un autre) et dans Pub Street, rue très animée pour les touristes. On mange du poisson au barbecue avec des légumes croquants, et on finit la journée par un jus de fruits, pastèque pour moi, mangue-banane pour Camille. Ensuite, planification de la suite des évènements, douche et rédaction de ma longue journée.
Mardi 4 février 2020
Réveil 2h30 plus tard qu’hier pour un départ vers 7h avec le même conducteur de tuk-tuk qu’hier. Pas pressé, il s’arrête même à une station service où un pompiste remplit son réservoir. On arrive au temple Bayon juste après son ouverture. Il n’y a presque personne du coup. Le temple est magnifique, agrémenté d’innombrables tours surplombées de visages de Bouddha, et décoré tout autour d’une grande fresque en bas-relief sur laquelle sont représentées de nombreuses scènes, de guerre ou de vie quotidienne. Une colonie de macaques se prélasse sur le mur d’enceinte. De l’autre côté de la route se trouve un autre édifice antique, le Baphuon, particulièrement haut dont nous gravissons les marches (en bois pour les visiteurs) abruptes. Belle vue depuis le sommet. Nous faisons quelques photos en bas, sur la longue digue en pierre qui mène au temple (jadis entouré d’eau ?). Temples suivants : Thommanon (petit, on le parcourt très rapidement) et Ta Keo, qui a eu pas mal de restauration, ce qui est montré sur des panneaux ornés de photos avant/après. Pour finir, direction le gigantesque Angkor Vat. Beaucoup plus de touristes ici. Les sculptures sont très bien conservées et on y voit même une coloration rouge. Une immense fresque entoure le temple. Les plafonds sont hauts comparé aux autres temples. Le chemin entre les portes et le temple lui-même est impressionnant. Bref, un bon temple pour finir la journée. Chaleur épuisante. On demande à notre chauffeur de nous déposer dans une école pour sourds et aveugles, qui propose des massages faits par des aveugles formés sur place. Expérience sympa et le massage est génial. On peut choisir notre huile : Camille prend lotus et j’opte pour citronnelle. Je sens trop bon. On se trouve ensuite un tuk-tuk qui nous amène jusqu’aux “Artisans d’Angkor”, lieu où sont montrées les techniques artisanales de sculpture sur bois et pierre, travail du métal, peinture sur soie ou bois laqué, fabrication de bijoux… Visite guidée gratuite avec un jeune guide qui parle français. La boutique est magnifique et les prix à la hauteur d’un tel travail de patience et de minutie. On marche ensuite jusqu’au marché pour se prendre un “fruit shake”, qui contient des fruits frais, mais aussi de l’eau, du lait concentré, et d’autres liquides non identifiés. Et une banane frite chacune. Fin de journée détente au bord de la piscine, avant d’aller dans un restaurant situé dans notre rue pour manger des pâtes ! Et des bruschettas. Avec ice-tea maison et limonade maison. Ca change de la nourriture locale. Retour à l’auberge, douche et au lit.
Mercredi 5 février 2020
Toujours pas de grasse-matinée à Siem Reap : réveil à 5h25 pour un départ en tuk-tuk à 6h pétantes avec le frère de Sopheak, notre tuk-tuk driver des deux derniers jours. On roule pendant une heure, affrontant le vent dû à la vitesse : ça caille ! L’air est super pollué, entre les véhicules et des feux un peu partout, sans compter la poussière de la route. Dur de respirer sans se couvrir le visage. D’ailleurs le chauffeur porte un masque. Sur le chemin, on assiste aux scènes de vie des habitants. On croise énormément d’enfants qui vont à l’école à vélo ou à plusieurs sur des scooters. Idem pour les vélos : parfois un ou deux petits à l’arrière avec un ado qui pédale. On arrive au temple Benteay Srey (la citadelle des femmes) avant même son ouverture officielle. Le lieu est quasi désert. Le temple est très bien conservé, peut-être le plus beau de tous ceux qu’on a vus. De nombreuses “bibliothèques”, bas-reliefs représentant des scènes, ornent le dessus des portes. Les sculptures sont presque intactes. Des statues avec des têtes d’animaux, qui sont en fait des répliques (histoire d’éviter les pillages) gardent le temple. Le soleil est encore bas et jette sur l’ensemble une belle lumière qui accentue la couleur rosée de la pierre. Un petit bijou au milieu de la forêt, découvert aux sons de dizaines d’oiseaux. On a adoré. Une exposition à côté explique la signification des représentations et montre des photos du temple après sa découverte et avant sa restauration. Retour au tuk-tuk (le chauffeur nous attend dans son hamac suspendu dans le tuk-tuk, comme souvent), et petite demi-heure de route jusqu’à la dernière destination. Nous devons marcher dans la forêt, escalader quelques pierres pour y arriver. La température est idéale, la promenade super agréable. Mille bruits. J’ai l’impression d’avoir reconnu le cri d’un singe. Au bout du chemin, une rivière malheureusement asséchée (saison sèche oblige) : Kbal Spean, ou la “rivière aux Mille Lingas”. Les roches qui constituent son lit sont sculptées. Même si le site a été en partie détruit lors de la guerre civile, l’endroit reste charmant, un petit havre de tranquillité. Les lianes de la forêt sont impressionnantes, énormes et entortillées les unes autour des autres. Super ambiance. Retour à l’auberge et petit-déjeuner à midi (brunch donc !) à base de thé vert, fruits frais, yaourt et pain. On a le temps de se détendre au bord de la piscine. Camille s’endort (elle a plein de spasmes, c’est comique) et moi je bouquine. A 14h, un minibus vient nous chercher à l’hôtel pour une excursion. Après plusieurs arrêts pour récupérer d’autres touristes, nous partons en direction du lac, le Tonlé Sap. Notre guide nous explique l’architecture des maisons sur la route. Il parle comme dans une pub. C’est drôle. Nous arrivons dans un village fait de maisons sur pilotis, perchées à plusieurs mètres du sol. On distingue très nettement le niveau d’eau record de 2018 qui a englouti les maisons les plus basses. Dans la rue, nous nous arrêtons dans une classe d’anglais pour parler aux jeunes élèves et les faire pratiquer la langue. Au bout du village, notre petit groupe grimpe sur le toit d’un bateau en bois à moteur. Deux gamins d’une dizaine d’année sont chargés de désembourber le bateau qui galère à avancer dans la minuscule rivière boueuse de la saison sèche. Bientôt, nous nous retrouvons sur le lac, entourés d’eau. On s’arrête sur une plateforme flottante avec un restaurant, quelques crocodiles et un serpent. Depuis le toit, nous observons le coucher du soleil sur le lac. Camille est tellement pressée de retrouver la terre ferme qu’elle grimpe dans le mauvais bateau, qui démarre avec elle à bord. Elle saute in extremis sur le pont d’un autre bateau encore amarré quand elle réalise. Sur la terre ferme, des vendeuses nous attendent avec une photo encadrée de chaque membre de notre groupe, imprimée, prise furtivement par un photographe avant de monter sur le bateau. Quel gâchis… Retour à Siem Reap. Nous partons directement dans les marchés nocturnes pour une virée shopping : cadeaux pour les parents, t-shirts pour moi, pilon pour Camille… Des centaines de stands proposent des articles très similaires. On se fait interpeller en permanence “Lady, please buy something”, “What you looking for?”, “Discount for you”, “More pants lady?”. On croise un vendeur de brochettes de scorpions et mygales. Les rues sont très animées, remplies de touristes et chauffeurs de tuk-tuk en recherche de clients. On se prend un jus 100% fruits banane-passion, puis restaurant où je mange un délicieux curry vert avec du riz, et Camille du poisson grillé. Pour finir cette excellente journée, nous nous faisons faire un massage des pieds pour 2$ la demi-heure, installées sur des fauteuils face à la projection d’un documentaire sur la construction des temples d’Angkor.
Jeudi 6 février 2020
Il fallait s’y attendre, nos vols retour sont annulés par la compagnie aérienne contrainte de réduire son service à cause du coronavirus qui sévit actuellement en Chine. Nous devrons partir une journée plus tôt que prévu. Heureusement, Expedia semble s’occuper de tout. Passé ce moment de remise au point matinal de notre programme, nous descendons vers 8h prendre le petit-déjeuner à notre auberge : thé et pancakes à la banane. Puis on file au marché pour les derniers achats : Camille voulait un sac en osier. On a aussi le temps pour un massage khmer d’une heure (interrompu par une crampe de Camille). Ensuite, retour à l’auberge jusqu’à ce qu’un minibus vienne nous chercher. Départ pour Battambang. Quatre heures de route avec une pause au milieu. A l’arrivée, nous nous faisons sauter dessus par des chauffeurs de tuk-tuk. On se réfugie dans l’agence du bus pour regarder où se trouve notre hôtel : à une minute même pas. La ville est beaucoup moins animée que Siem Reap. Le soir, nous allons voir un excellent spectacle de cirque avec de jeunes artistes talentueux. Deux musiciens, des jeunes filles pour une danses cambodgienne, puis un spectacle avec six acrobates-jongleurs-équilibristes avec pour titre “Influence”. La performance est impressionnante. Les histoires exprimées par les artistes sont touchantes. On a adoré. A la sortie, nous prenons un tuk-tuk avec une famille cambodgienne venue assister au spectacle. Les deux jeunes enfants sont ravis de nous parler en anglais. Nous allons faire un tour vers le marché, qui est destiné aux locaux. On achète des fruits de la passion. Puis on va dans un petit restaurant indiqué dans le guide : le Coconut Lyly. Jus de mangue et de citron, ananas grillés au tofu, curry de légumes, un délice. Retour à l’auberge. On est dans un dortoir avec des lits alignés comme dans un hôpital, entourés de rideaux trop courts. On trouve un autre dortoir plus cool avec lits superposés. On demande à s’y installer. Il contient 16 lits mais nous sommes seules !
Vendredi 7 février 2020
Réveil à 7h. Bien dormi. Nous déjeunons sur le rooftop : thé, muesli-yaourt pour Camille, tartines pour moi, fruits. Nous avons réservé une excursion pour 8h. Le gars de l’auberge réalise qu’il n’a rien prévu quand il nous voit arriver, et appelle un tuk-tuk discretos en nous disant qu’il sera là dans cinq minutes. Vingt minutes plus tard, il arrive enfin. J’ai hâte de quitter l’air pollué de la ville pour en explorer les environs. Premier arrêt, une ferme de crocodiles. On peut tenir un bébé d’une vingtaine de centimètres dans nos mains. Trop mignon. Les autres sont impressionnants. Un peu plus loin, nous nous arrêtons à la pagode Samrong Knong, où se trouve un bâtiment qui a servi de prison par les Khmers Rouges. Ensuite, nous parcourons le village avec un aperçu de la vie des habitants. Notre chauffeur nous fait goûter du “bamboo sticky rice”, gâteau de riz cuit à l’intérieur d’une tige de bambou que l’on épluche ensuite pour le manger. C’est bon mais ça colle aux dents ! On voit aussi des pêcheurs faire sécher des poissons, d’autres travailleurs fabriquer de la pâte de poisson (ça se mange apparemment, ça pue horriblement et ça a l’air aussi mauvais que peu hygiénique). On voit plus loin la fabrication artisanale de feuilles de riz (pour les nems) à base de farine de riz préparée au fur et à mesure. Les disques sont séchés au soleil. Avant de continuer sur des aspects culturels, nous allons faire une balade en bamboo train, planche de bois posée sur des rails et dotée d’un moteur. Une petite heure assises toutes les deux sur notre wagon simpliste à prendre le soleil. Au bout du chemin, un arrêt de 10 minutes au milieu de magasins de souvenirs. Demi-tour et balade dans l’autre sens. Nous finissons l’excursion par la visite de la maison de Mme Bun, grande maison traditionnelle en bois, une des rares à avoir été épargnées par les Khmers Rouges. A Battambang, notre tuk-tuk nous dépose au “Lonely Tree Café” où on mange des crevettes et des aubergines au fromage, puis tarte au citron et gâteau au chocolat. Nous nous accordons une petite heure de répit à l’auberge. A 15h30, nous avons rendez-vous dans le restaurant d’hier soir (Coconut Lyly) pour un cours particulier de cuisine ! Première étape, virée au marché pour acheter les ingrédients manquants. Nous avons droit à des explications sur les fruits et légumes qu’on trouve sur les étales. Le lait de coco est extrait devant nous. La partie sèche (que nous consommons sous forme de farine) est ici destinée à nourrir les poules ! Retour au restaurant où nous sommes installées sur une grande table. Habillées d’un tablier, nous avons un petit livret avec les recettes. Nous allons préparer trois plats : curry de poulet, boeuf Lok Lak et nems cambodgiens, ainsi qu’un dessert, une glace de lait de coco à la vanille et zestes de citron vert. Nous faisons nous-même toutes les étapes de la préparation, y compris la pâte de curry à l’aide d’ingrédients bruts et broyés dans un mortier. Après deux heures de cuisine, nous dégustons nos chefs-d’oeuvre qui sont très réussis. La journée se termine et nous rentrons à l’auberge repues et ravies.
Samedi 8 février 2020
Journée de transit. Après un petit-déjeuner sur le rooftop de l’auberge (pancakes, thé, bananes), nous montons dans un minibus pour 7h de voyage jusqu’à Phnom Penh. En chemin, je regarde le paysage, somnole ou bouquine. Arrêt repas dans une cantine extérieure, sorte de station d’autoroute locale. Que des plats à base de nouilles ou riz. Nous achetons plutôt une sorte de crêpe croustillante avec des rondelles de bananes incluses dedans, et un ananas en dessert. A l’arrivée, tuk-tuk réservé via l’appli PassApp jusqu’à notre auberge, le Manor House. Plutôt sympa avec des extérieurs confortables. Lits superposés sans rideaux mais seulement quatre dans notre chambre, avec prises, ventilateurs et lampes individuels pour chaque. Il est 16h, il fait une chaleur écrasante. Nous partons à pied jusqu’au marché central (pour les locaux) puis night market où nous achetons des huiles essentielles. Épuisées, nous prenons un tuk-tuk pour retourner au “Friends”, le restaurant testé lors de notre première journée au Cambodge. Au menu, burger de falafel végétarien et tartines avocat-houmous-champignons-épinards. Limonade maison pour moi et jus ananas-mangue-gingembre pour Camille. En dessert, des nems banane-choco et une délicieuse glace coco. On marche jusqu’à un salon de massage qui a de bons avis : 1h de massage khmer traditionnel. On se fait aussi une petite manucure, que nous détruisons passablement au moment de remettre nos chaussures. Pas trop mal quand même ! Nouveau tuk-tuk avec chauffeur très bavard pour retourner à l’auberge. Douche express (chaude !) et dodo à minuit passé pour notre dernière nuit au Cambodge.
Dimanche 9 février 2020
Réveil en douceur vers 8h. Petit-déjeuner au bord de la piscine de l’auberge : tartines, thé et fruits. On s’installe dehors pour profiter jusqu’au bout du soleil du Cambodge. On en profite pour faire les comptes. Préparation des sacs-à-dos, douche rapide et petite partie de cartes dehors avant de commander un tuk-tuk pour l’aéroport. Il est 13h quand on y arrive. On se pose dans un café pour manger un panini et un carrot-cake. Sur le tableau d’affichage, beaucoup de vols sont annulés, notamment vers la Chine. Après l’enregistrement et le passage de la sécurité, nous dépensons nos 16 dollars et 2000 riels (50 centimes) restant en s’achetant un souvenirs chacune et une bouteille d’eau. L’avion est en grande partie vide. Il ne nous faut que 2h pour rejoindre la Chine, où une escale de 5h nous attend. A l’arrivée, nous devons remplir des fiches pour informer si nous nous sentons malades ou si nous avons été dans la région la plus touchée par le coronavirus. Notre température corporelle est également contrôlée : mon front affiche 36,6°C. La température à l’aéroport est glaciale. Je change mon short contre un pantalon et enfile un deuxième t-shirt sous ma polaire. Nous sommes installées sur des sièges confortables mais frigorifiées. Je pars en expédition chocolat chaud, que je paie 62 yen sans savoir à quoi ça correspond. On embarque peu avant minuit dans un grand avion où seulement une place sur trois est occupée. Après le premier repas et le film “Aquaman”, je m’allonge sur ma rangée de trois sièges. C’est la pleine lune et nous survolons le désert de Gobi. Le paysage est époustouflant. Je dors quelques heures. Deuxième repas et deuxième film (“Mission Kathmandu”). Puis un peu de musique (Imagine Dragons) pour accompagner notre retour en France et le cataclysme sanitaire sur le point de s’abattre sur nous…
Petit coin de Paradis verdoyant à l’écart du tumulte de la ville, la Plantation est une immense ferme, mais aussi un projet agro-écologique ambitieux et respectueux de l’environnement, un projet éducatif pour les touristes et un projet social.
Une fois arrivé sur les lieux, on peut se balader en toute liberté dans un jardin où poussent de multiples plantes. Plus loin, une grande maison traditionnelle khmer en bois fait office de restaurant, boutique et accueil. Il suffit de s’y présenter pour que l’on nous propose une visite guidée de la plantation, gratuite, en français ou en anglais. Petite balade entre les quelques 22.000 pieds de poivre plantés sur une vingtaine d’hectares. Il est cultivé ici de manière traditionnelle et artisanale, et récolté et trié entièrement à la main. Le poivre pousse sur des plantes grimpantes, sur des poteaux de 4 mètres de haut. Notre guide nous apprend que le poivre de toutes les couleurs (poivre vert, rouge, noir, blanc…) provient en fait de la même plante, avec des grains à différents stades de maturation. L’agriculture est biologique, et de nombreuses autres espèces sont cultivées (citronnelle, bananiers, fruits du dragons,…), renforçant les sols et amenant la biodiversité nécessaire à la protection des plantes.
Le lieu emploie à temps plein 150 Cambodgiens, avec de bonnes conditions de travail, et finance une école sur le site qui accueille une centaine d’enfants.
Après la visite, nous avons droit à une dégustation – gratuite – d’une grande diversité des poivres produits ici. Le poivre de Kampot a la réputation d’être le meilleur poivre du monde, nous ne sommes pas déçues ! Une petite feuille de bord nous est donnée où sont décrits les produits. Elle permet aussi de noter les produits au fur et à mesure de la dégustation, histoire de se rappeler de nos préférés !
Après la dégustation, le passage par la boutique est une évidence. Le poivre n’est pas donné, on paie la qualité, mais il est bien moins cher qu’ailleurs. Le prix du même poivre importé en France, par exemple, est facilement multiplié par quatre.
Il fait une chaleur écrasante, impossible d’avaler un repas. Par contre nous ne résistons pas à la glace du chef, coco-mangue-passion, et saupoudré à l’envie… de poivre bien sûr !
La plantation propose d’autres activités aux visiteurs, comme des cours de cuisine ou encore une balade dans les villages alentours en charrette tirée par les buffles, avant de finir dans le lac pour une baignade avec eux… Une prochaine fois peut-être !
Secret Lake – le Lac Secret
Située entre Kampot et Kep, l’accès à La Plantation se fait par un long chemin cahoteux. En tuk-tuk, ça secoue ! Mais la route permet de voir un autre visage du Cambodge, on passe devant de nombreuses maisons et petites boutiques, on voit la vie quotidienne des habitants au passage.
Peu avant d’arriver à la plantation, le “Secret lake” (lac secret) s’étend devant nous. Quelques pêcheurs s’adonnent à leur activité. Le paysage, avec les montagnes en arrière-plan, est époustouflant. Une beauté qui ne doit cependant pas faire oublier son histoire tragique. Le lac est artificiel, et a été construit à l’époque des Khmers Rouges par des travailleurs forcés dont beaucoup ont perdu la vie. Ce n’est pas l’emplacement du lac qui est secret, mais celui des sépultures des travailleurs qui auraient été enterrés en masse autour de celui-ci.
Située à une demi-heure en tuk-tuk au sud de Kampot, Kep est une ville bien moins touristique. Je n’ai pourtant pas regretté de m’y être arrêtée. Une journée et une nuit suffisent pour goûter à sa tranquillité… et à ses spécialités !
Construite entre les années 50 et 70, Kep était jadis une ville florissante et prestigieuse. Pendant le régime des Khmers Rouges, beaucoup de villas ont été abandonnées et pillées par les locaux pour en revendre les biens au Vietnam, dont la frontière est toute proche, en échange d’argent et de nourriture.
Une grande partie de Kep affiche donc un drôle d’air de ville fantôme. Les villas abandonnées sont encore debout, en bon état, mystérieuses. Si ce n’étaient les jardins devenus des jungles on les croirait toujours habitées.
Le marché aux crabes
Endroit incontournable de Kep, le marché au bord de la mer propose de nombreux poissons, mollusques et crustacés. Les vendeurs préparent leurs produits sur place : on les voit retirer les poches d’encre des pieuvres, ou écailler des poissons… Les nombreux barbecues, sur lesquelles sont grillés des brochettes de poissons ou de poulpes, apportent une chaleur difficilement supportable ! Et pour cause, le marché est couvert, on ne comprend pas très bien pourquoi… Parmi les autres joyeusetés, on y trouve des montagnes de crevettes, d’étranges préparations culinaires vendues dans des bouteilles ou même sacs en plastique, des nouilles bien sûr, ou encore des babioles pour les touristes. Le coucher de soleil sur l’océan vaut le coup d’œil !
Juste à côté, de nombreux petits restaurants proposent crabe et poisson. Les recettes au poivre de Kampot sont vraiment un régal !
La ferme aux papillons
Après avoir erré dans les rues à la recherche d’un tuk-tuk (moins de touristes, donc moins d’offre) et quelques marchandages, nous sommes en route pour la ferme aux papillons. On se demande où on va atterrir après un chemin cahoteux qui semble ne mener nulle part. Finalement, on arrive dans un petit havre de paix. Les papillons sont visibles dans une volière extérieure, colorés, à leur place au milieu d’une myriade de fleurs multicolores. Nous sommes les seuls visiteurs. Le calme environnant est très appréciable, et l’endroit est charmant. On y fait rapidement le tour, mais quel bonheur de s’y poser et de profiter, simplement, de l’instant présent ! Fermez les yeux, écoutez la nature s’exprimer…
La difficulté principale consiste à retourner à Kep, l’endroit étant complètement isolé. Nous avions prévu de passer par le parc naturel dont une des deux entrées se situe à côté de la ferme aux papillons (balade de 2-3h dans le parc à priori pour rejoindre l’autre entrée, côté ville). Malheureusement, le seul chemin que nous avons trouvé était impraticable, nous nous sommes fait assaillir par les moustiques avant même de pénétrer dans la forêt… Pas déçues pour autant, nous sommes tombées sur un complexe de lodges tout équipé et totalement abandonné. Ambiance très étrange, les meubles sont en place, les lits sont encore faits, les chambres sont fermées à clé… Dans un bungalow sur pilotis dépourvu de porte, le sol commence à s’effondrer… Après une visite des lieux, retour à pied par la route !
La plantation de poivre
Une des attraction far de la région est La Plantation, une ferme de poivre située entre Kep et Kampot. INCONTOURNABLE ! J’en parle plus en détail dans cet article : « La plantation – Poivre de Kampot »
Impressions sur la ville
Kep m’a beaucoup plu. C’est une ville plutôt tranquille, et pour l’instant préservée du tourisme de masse. Nous logions dans un quartier habité par des locaux, juste en face de l’océan. On y fait facilement le tour à vélo, et c’est super agréable de s’y promener. Petit coup de cœur pour ce gecko tokay caché quelque part dans notre chambre, et qui nous gratifiait par moments de son étrange cri, un mélange entre un klaxon et un jouet pour chien, en beaucoup plus puissant !
Ce voyage que j’attends avec la plus grande impatience commence enfin à pointer le bout de son nez. Je refuse toujours d’y croire de peur d’être déçue… Et si on ratait l’avion ? Si on avait un problème à l’aéroport ? Si on tombait en panne de voiture ? Pourtant tout est prêt, archi prêt. Les valises sont faites et refaites, maman est en mode stress caractéristique, les passeports sont arrivés à temps, le voyage est déjà organisé…
On part dans la matinée pour arriver à Paris aux alentours de midi. C’est la première fois que j’entre dans un aéroport. C’est immense. Je me demande comment je pourrais me débrouiller si je devais prendre l’avion toute seule… On a encore le temps avant le décollage mais il faut aller faire enregistrer les bagages. Ils sont pesés car on a un poids maximal à respecter (on en est loin), puis envoyés sur des tapis roulant on ne sait où. Nous, on se dirige vers le couloir où on doit embarquer. On en profite pour se perdre un peu, mais rien de grave. On passe à travers des détecteurs magnétiques. Forcement, je bipe. J’ai mis un pantalon avec une ceinture métallique. Que je n’arrive pas à enlever. Ils me passent un détecteur portatif sur le reste du corps pour vérifier que je ne suis pas une dangereuse criminelle qui cache des armes dans ses chaussettes. Et puis quand tout le monde a été décrété non terroriste, on va s’asseoir en attendant l’heure de l’embarquement (17h30). C’est étrange car il semble que la salle d’embarquement où l’on se trouve soit totalement déserte. C’est normal ? Finalement, l’heure défile et il est enfin temps d’embarquer. Enfin pas tout de suite : les passagers embarquent dans un ordre précis suivant leur place dans l’avion (pour éviter les embouteillages…). Et quand notre tour arrive, on se précipite ! Une hôtesse de l’air vérifie nos billets et passeports, puis nous entrons dans l’espèce de tunnel qui relie l’aéroport à l’avion. Mon cœur bât à 200 à la minute. Le voyage se précise. Finalement, ce n’est peut être pas qu’un rêve ! Et puis après un tournant, on aperçoit l’intérieur de l’avion ! On entre. C’est génial à l’intérieur. Encore mieux que tout ce que j’aurais pu imaginer. Il y a une rangée de trois sièges de chaque côté, et une rangée de quatre sièges au milieu. Nous sommes tous les quatre, avec mes parents et ma sœur, installés au milieu, juste en face d’un écran géant. Sur nos sièges, on trouve des écouteurs qui se branchent sur les accoudoirs pour écouter la télé ou la radio, et des couvertures comme on voyage la nuit. Enfin on y est…
Une fois que tous les passagers sont installés dans l’avion, l’équipe de bord nous souhaite la bienvenue en plein de langues différentes et pendant qu’une voix fait les explications, des hôtesses nous montrent les gestes qui vont avec (mettre un masque à oxygène, gonfler un gilet de sauvetage, se protéger la tête si on s’écrase…). Et puis vient le décollage. Maman nous distribue des bonbons, il parait que ça évite que nos oreilles se bouchent. L’avion prend de la vitesse, les battements de mon cœur aussi. Et tout d’un coup on sent tous nos organes qui descendent quelque part au niveau de nos pieds : on vient de décoller. C’est magique. On voit les lumières de l’aéroport qui s’éloignent et on sent qu’on est toujours en train de monter. Sur les écrans, on peut lire notre altitude, notre vitesse, la température… C’est impressionnant la vitesse à laquelle tout change. Au bout d’un certain moment, on a le droit de détacher nos ceintures comme l’ascension se termine. On nous sert un repas et des films récents passent sur l’écran (ils sont encore dans les salles de cinéma en France !). Puis le sommeil commence à venir, mais difficile de dormir avec toutes ces émotions, et en pensant à tout ce qui nous attend.
Après un voyage épuisant, on arrive enfin au Kenya ! L’atterrissage est prévu à Nairobi. Malgré la fatigue, tout le monde, surtout moi, est excité à l’idée d’être enfin en terre africaine. Quand on sort de l’avion, on va directement mettre à jour les papiers (validation des passeports et autres tâches administratives dont on a laissé le soin à mon père de s’en occuper). Puis on récupère les valises et on se dirige vers la sortie, où des dizaines de personnes tiennent des panneaux avec des noms de famille ou des noms d’agences de voyages écrits dessus. Moment de panique, on ne trouve personne avec écrit Labaude ou le nom de notre voyage… Heureusement, après 5 minutes de recherche qui paraissent très longues, on demande à un homme où on doit se rendre et il nous emmène vers une personne qui tenait effectivement un panneau « Labaude x4 ».
On est aussi assaillis par des porteurs de valises, qui tiennent absolument à pousser le caddie où sont posés nos bagages. Finalement, notre guide nous emmène vers un mini-bus blanc, dont de toit peut apparemment être soulevé. On s’installe, toujours aussi fatigués (il est 05h00 quand on monte dedans), mais pas assez pour ne pas prendre la première photo du voyage !
Puis on part, en direction de la réserve d’Ambosseli, où se trouve notre premier hôtel.
Toujours malgré la fatigue, c’est complètement impossible de fermer l’œil. J’ai envie de profiter au maximum de tout ce que je pourrais voir ici. Et surtout j’ai hâte de voir les premiers animaux, même si on est encore dans une des plus grandes villes du pays. Pourtant, ici aussi il y en a ! Les premières bêtes sauvages que je vois sillonnent une sorte de dépotoirs : des ibis, de grands oiseaux blancs. Il n’en faut pas plus pour m’émouvoir.
Sur le bord des routes, on croise beaucoup de monde. Énormément d’enfants en uniformes qui se rendent à l’école. A en croire par l’heure matinale et vu les endroits sans aucune habitation en vue où on les rencontre, on se dit qu’ils doivent marcher des kilomètres pour arriver à leur lieu de destination. Les voitures roulent très vite mais ont quand même des règles de prudence pour éviter les accidents avec les innombrables piétons : le chauffeur klaxonne à chaque fois qu’il arrive à proximité d’eux pour les prévenir. Le soleil se lève assez rapidement et on se retrouve aussi rapidement à rouler sur des routes entourées de brousse. J’ai hâte d’arriver à la réserve…
08h00
Le chauffeur arrête le mini bus. Nous ne sommes pas arrivés à la réserve, mais on fait une pause dans un magasin plein de souvenirs africains. Dedans, beaucoup de statues en bois, des instruments de musique étonnants, des toiles et peintures aux couleurs magnifiques. Malgré le fait que notre voyage vient à peine de commencer, impossible de ne rien acheter.
09h00
Enfin, on arrive à la réserve d’Ambosseli. A l’entrée, pendant que le chauffeur parle aux personnes qui gèrent l’accès au parc, des femmes africaines entourent notre voiture en nous montrant des productions artisanales, des colliers surtout. Elles sont très insistantes et nous mettent les colliers dans les mains pour nous obliger à acheter. Elles parlent une langue incompréhensible pour nous. Puis on redémarre, et on entre dans la réserve…
Le chauffeur avait pris soin juste avant d’ouvrir le toit, de sorte qu’on puisse se mettre debout dans le véhicule pour observer les beautés de la réserve. Et on peut dire que ça vaut le coup ! Les premiers animaux qu’on voit sont des zèbres et des girafes. Je suis intenables, complètement folle, en train de montrer toutes les directions du doigts, abasourdie par le nombre d’animaux. On se rapproche des girafes, elles sont magnifiques. Certaines courent au loin. De même que les zèbres. Et puis on voit aussi des autruches, puis des gnous, des grues, des hyènes, des gazelles, des éléphants ! On s’émerveille de partout, on ne sait plus où donner de la tête avec cette effervescence de merveilles. On prend des photos, beaucoup de photos, mais elle ne peuvent pas traduire ce que l’on ressent quand on se trouve en tête à tête avec la vie sauvage. Puis on rencontre quelques buffles, et on arrive à un coin d’où on voit des lions… Ils sont couchés près d’un bosquet d’arbres, pas loin d’un éléphant qui ne semble pas du tout se soucier du roi des animaux. Et soudain on aperçoit des petites boules qui bougent : des lionceaux ! On se bagarre presque pour avoir les jumelles. C’est un spectacle qu’on ne peut pas décrire avec des mots. Je ne sens même plus la fatigue tellement je suis excitée par ce qui m’arrive. C’est mon rêve qui se réalise, encore plus intense que je n’aurais pu l’imaginer.
Au bout d’un moment, on fait demi-tour et on retrouve le marécage où une troupe d’éléphants se baigne tranquillement. Un peu plus loin, un éléphant solitaire décide de traverser la piste juste devant nous, pas pressé du tout, de sa démarche nonchalante… Il nous jette à peine un coup d’œil pendant que nous retenons notre souffle. Puis s’en va en nous tournant le dos comme si de rien n’était… Les émotions sont indescriptibles.
11h00
On arrive dans l’enceinte de l’hôtel : le Serana Lodge, et on découvre qu’il n’est pas épargné par la faune sauvage à en juger par le petit singe qui nous regarde passer… On n’a pas le droit de les toucher pour éviter qu’ils nous transmettent des maladies auxquelles nous ne sommes pas immunisés.
Quand on arrive dans le bâtiment d’accueil, un homme nous donne des serviettes chaudes et mouillées. On ne sais pas trop quoi en faire, alors on les garde dans les mains pour se réchauffer, ce qui fait un peu rire certaines personnes. On était en fait censés s’essuyer la poussière sur notre visage avec. On a droit à un jus d’orange en attendant qu’on nous conduise dans notre lodge. Celle-ci est magnifique. Il y a deux chambres avec des décorations africaines, et une salle de bain qui communique avec les deux chambres. Dans la salle de bain, des gros peignoirs blancs moelleux. L’occasion de pouvoir prendre une douche bien méritée après un long voyage !
A midi, on va manger dans le restaurant de l’hôtel, où des plats de toutes sortes sont servis à volonté. Et on ne se gène pas pour se régaler !
15h00
Après s’être reposés un peu et rassasiés, on repart pour un nouveau safari dans la réserve. On s’est tous mis dans des tenues spéciales Kenya. On retrouve sur les pistes des animaux déjà vus ce matin, avec tout autant d’émotion. Cette fois, ce n’est pas un éléphant mais toute une troupe qui traverse devant notre véhicule. Il y a des bébés qui restent collés à leur mamans, et qui ne semblent pas plus se soucier des mini-bus que les adultes. En tout cas, ils sont craquants ! On traverse aussi ce qui semble être le territoire d’une troupe de babouins à en juger par leur nombre impressionnant, alors qu’on n’en avait vu aucun ce matin. Ils sont tranquillement assis à nous regarder passer. Certaines femelles promènent un tout petit sous leur ventre. Et puis on revoit des girafes, très grandes et majestueuses, des zèbres, des gnous avec des bébés…
Le soir quand on rentre, on a appris à se servir des serviettes chaudes, et c’est là qu’on voit que ça valait le coup ! Puis on se prend un cocktail ultra-fruité (fruits exotiques bien sur !) absolument délicieux. Cette nuit là, on a bien dormi en tout cas !
Ce n’est pas parce qu’on est en vacances qu’on peut faire la grasse matinée. La vie sauvage n’attend pas ! Et c’est d’ailleurs au petit matin qu’on peut observer les plus beaux spectacles.
On a à peine quitté l’hôtel que le talkie-walkie du guide grésille des phrases en swahili. Quelques instants plus tard, le véhicule s’arrête a proximité d’autres véhicules venus eux aussi assister à un instant magique. A quelques mètres de nous se trouve une carcasse. Une lionne se tient à ses côtés. La chasse du matin a porté ses fruits. Des chacals tournent autour de la lionne, espérant voler sans doute un morceau de son trophée. Puis des hyènes, beaucoup moins farouches que les chacals, se risquent elles aussi à duper la lionne. De plus en plus de véhicules se rassemblent autour du lieu de repas improvisé. Ce qui est arrivé ensuite est indescriptible dans sa beauté et dans la force de l’émotion que j’ai ressenti. D’un pas lent et décidé, ignorant totalement les touristes, les véhicules, les hyènes et les chacals, le reste du clan a surgit de nul part. Avançant l’une derrière l’autre de leur démarche royale, les cinq lionnes ont, par leur arrivée, imposé un climat indéfinissable, de respect, de splendeur, de noblesse. Le temps semblait avoir retenu son souffle et même les hyènes avaient cessé l’espace d’un instant leurs tentatives de vol. Ce que j’ai ressenti à ce moment là est inexprimable mais constitue sans aucun doute l’une des plus vives émotions éprouvées au cours de ce voyage. L’image de cette arrivée royale, telle une marche de triomphe d’un roi victorieux, reste depuis ce jour immuable dans ma mémoire.
Hélas il était temps pour nous de quitter la réserve et nous avons du abandonner les lionnes à leur repas, pour faire route vers la Tanzanie.
08h00
Arrivée à la frontière qui sépare la Tanzanie et le Kenya. On change de véhicule et de guide. Si mes souvenirs sont bons, notre nouveau guide s’appelle Onesmo. Il faut pas mal de temps pour faire le transfert, à cause des modalités à régler dues au changement de pays. Nous attendons patiemment dans le nouveau véhicule, un 4×4 cette fois, toujours avec un toit que l’on peut surélever. On a ramené quelques objets de France pour les jeune africains, et c’est avec joie qu’ils prennent la pose pour la photo avec une balle ou une casquette « made in France », en remerciant bien « Zidane », « Chirac » ou « Bernadette »… Et puis on finit par repartir sur des routes qui, contrairement à celles du Kenya où on est secoués dans tous les sens, sont goudronnées.
On s’arrête juste le temps de midi dans un restaurant et puis on repart directement vers la réserve de Manyara.
16h00
On arrive au parc de Manyara, où on est accueillis par un babouin qui nous regarde passer, assit impassible au bord de la route. La réserve est très différente de la première, où on parcourait de grandes étendues de brousse. Ici, on est comme enfermés dans un cocon de forêts. Le rapport avec la nature semble beaucoup plus intime. On approche les animaux de près, sans que ceux-ci semblent s’en soucier. C’est ainsi qu’on croise des girafes majestueuses, à peine remarquables parmi la végétation, malgré leur taille impressionnante. Et puis on arrive à des étendues d’eau où se croisent des multitudes d’oiseaux de toutes tailles. Encore un instant magique que d’observer leur envol. Alors que le soleil commence à se coucher, on se renfonce dans la forêt vers la sortie du parc. Sur notre route on croise deux calaos perchés en haut d’un tronc d’arbre desséché. Quelques éléphants se laissent doubler, nous observant à travers la dense végétation qui est très verte en cette période de l’année.
18h00
C’est déjà la fin de la journée et le guide nous emmène dans les lodges du Tarangire, d’où on a une impressionnante vue sur le lac Manyara dans les dernières lueurs du jour. L’hôtel est doté d’une piscine mais je doute qu’elle soit très fréquentée. La plupart des touristes ici ne sont que de passage. Le soir, on va se régaler au restaurant de l’hôtel où, comme le précédent, il y a un choix incroyable et tout est à volonté. On évite de manger des crudités pour ne pas avoir la turista, mais on ne se prive pas sur les fruits. Après s’être rassasiés, on va s’asseoir dehors sur une petite terrasse où un groupe de Massaï ou une autre tribu est en train de faire un spectacle de danse. C’est une autre facette de l’Afrique que l’on a peu l’occasion de voir durant notre voyage, mais qui vaut aussi le détour. Ce qui m’a notamment marqué, ce sont les dos des danseurs, musclés et parfaits dans leur courbures. A la fin de leur spectacle, ils prenaient des volontaires (ou pas) parmi le public pour danser avec eux, ce qui était assez comique à voir. On s’est bien amusés, et surtout, on a bien dormi, avec encore des images plein la tête de ce voyage qui décidément, se révèle plus beau que dans mes rêves.