Le Picassiette, le petit “Facteur Cheval” de Chartres

Cette année, à l’occasion des Journées du Patrimoine, direction Chartres, la Capitale de la lumière et du parfum, située à moins de 100 km de Paris. Lieu important de pèlerinage, la ville s’illustre par sa magnifique cathédrale gothique, inscrite au Patrimoine mondiale de l’UNESCO. C’est en soirée que nous découvrons pour la première fois cet imposant édifice médiéval. A partir du mois de juillet jusqu’à la fin de l’année, la cathédrale et de nombreux autres bâtiments de la ville s’illuminent à la nuit tombée, offrant un superbe spectacle de lumière. Spectacle que nous apprécions d’autant plus après un bon repas sur la place du marché, à quelques pas de là !

Le centre ville de Chartres est très calme, sans doute grâce aux nombreuses rues étroites et tortueuses à sens unique qui découragent les automobilistes d’y passer. En journée, nous visitons l’intérieur de la cathédrale, ainsi que d’autres édifices religieux, le musée des Beaux-Arts, et même les coulisses du petit théâtre et sa belle salle à l’italienne. 

Après une bonne demi-journée de visites et balades dans le centre-ville, direction un autre incontournable de Chartres, situé plus en périphérie de la ville, la maison du Picassiette. C’est en 1938 que Raymond Isidore commence à décorer la maison qu’il a construite lui-même. Au détour d’une balade, il trouve des morceaux de verre et de porcelaine qu’il ramasse sans trop savoir quoi en faire. Lui vient alors l’idée d’en faire une mosaïque pour décorer sa maison. Se mettant à parcourir chaque jour plusieurs kilomètres à la recherche de son trésor, il devient alors le “pique-assiette”. L’intérieur de la maison terminée, il s’attaque à l’extérieur, construit une chapelle dans le jardin, et une maison d’été. Son œuvre lui aura pris 24 années, aux cours desquelles il a d’abord été pris pour un fou avant de connaître un certain succès en organisant des visites de sa maison. 

L’œuvre du Picassiette me rappelle immédiatement le célèbre Palais Idéal du Facteur Cheval, autant par son apparence surchargée de décoration que par le mode opératoire des deux artistes. Nous visitons d’abord la maison principale, de taille très modeste, qui est encore meublée. La décoration de la chapelle donne l’impression d’une certaine organisation : les motifs s’inscrivent dans un tout, très harmonieux. La ville de Chartres, et notamment sa cathédrale, ont une place importante dans l’œuvre de Raymond Isidore. On découvre même une Tour Eiffel trônant dans le jardin. Colorée et particulièrement élaborée, l’œuvre du Picassiette est clairement un incontournable insolite que nous ne regrettons pas d’avoir visité !

Pour aller plus loin

Montmartre : visite guidée insolite

Montmartre fait partie des incontournables de Paris. Entre ses rues tortueuses, ses jardins cachés, ses artistes de rue, et bien sûr sa célèbre basilique, ce ne sont pas les points d’intérêt qui manquent ! Plutôt qu’une énième visite à déambuler sans but et, il faut bien l’avouer, sans tout à fait savoir devant quoi je passe, c’est avec un conférencier que nous partons, ma famille et moi, à la découverte du vrai Montmartre. 

Rendez-vous place Pigalle avec Lorenzo pour le début d’un tour complet de la butte de Montmartre et 2h30 de découvertes. Lorenzo n’est pas seulement un passionné de l’endroit, il est un habitant engagé, qui défend les valeurs, les coutumes et l’histoire de son “village”. Il nous raconte avec passion l’histoire avec un grand H de Montmartre, mais aussi ses ragots, les potins des stars qui y sont passés ou y habitent encore, ou simplement ceux de ses habitants les plus anonymes. 

Place des Abbesses, nous apprenons que cette entrée de métro, tout ce qu’il y a de plus classique, est en fait l’une des deux seules à avoir gardé sa verrière d’origine. Plus loin, on s’arrête devant le “Bateau-Lavoir” de la place Émile-Goudeau, dont le nom n’est pas tout à fait ce qu’il semble être, et dont la façade ne laisse rien deviner de son histoire fascinante et des grands artistes qui y sont passés. Dans les rues alentour, d’autres ateliers d’artistes plus anonymes n’en sont pas moins fascinants par leur histoire et leur architecture. Lorenzo nous abreuve d’anecdotes des gens du quartier, recueillies par la bouche même de ces derniers. Nous découvrons les maisons de certaines personnalités, comme celle de Dalida, ou encore cette petite épicerie devenue célèbre grâce au film “Le fabuleux destin d’Amélie Poulain”, et dont la façade à l’air authentique est en fait le décor utilisé lors du tournage du film. La visite s’achève après une visite au “passe-murailles”, statue pour le moins atypique d’un homme coincé dans un mur, en référence à la nouvelle du même nom qui nous conte l’histoire d’un drôle d’habitant de Montmartre. Après un petit passage devant les vignes de Montmartre, c’est sur la célèbre place du Tertre que nous quittons notre hôte, après quelques dernières explications sur les spécificités de cette place et un discours engagé sur l’influence du tourisme de masse et des changements malheureux qu’il engendre sur l’âme du village, où les ateliers d’artistes et les peintres de rue sont peu à peu remplacés par des logements et restaurants touristiques. 

Après 2h30 de déambulations, nous apercevons seulement la foule des touristes et ce que nous pensions être le plus grand incontournable : la basilique du Sacré-Cœur. C’est un autre visage de Montmartre que nous avons découvert au cours de cette escapade, plus réel, plus intime, l’histoire d’un quartier vivant raconté par ses habitants. 

Infos pratiques

  • De nombreuses visites guidées de Montmartre existent. Les plus touristiques sont aussi les plus chères : jusqu’à plus de 40 € ! Elles incluent souvent la basilique et le funiculaire.
  • Pour des visites plus insolites du quartier, préférez les conférenciers passionnés. Il en existe plusieurs dont les prix sont tout à fait abordables. Nous avons testé “Les balades de Lorenzo”, des visites en petits groupes pour 12 € par personne : https://www.lesbaladesdelorenzo.fr/
  • Pour des visites plus autonomes mais en restant à l’écart du tourisme de masse, des circuits sont disponibles sur internet, par exemple celui-ci : https://www.jenesaispaschoisir.com/2015/09/24/balade-parisienne-montmartre-secret/

Voyage écolo : 10 idées pour réduire son impact

Voyager n’a pas seulement un coût pour le porte-monnaie, il en a aussi un pour la planète. En limitant notre impact écologique même en voyage, nous préservons les beautés de notre belle Terre, et permettront aux générations futures d’en découvrir les merveilles. Voici 10 façons de voyager plus écolo et responsable.

Prendre des transports propres

J’avoue, pour voyager loin, difficile de se passer des avions, surtout quand on ne dispose que de deux semaines de vacances. Mais pour des weekends ou petits séjours, beaucoup de destinations à portée de train valent le coup d’œil ! Une fois sur place, privilégiez également des moyens de transport écologiques. Avez-vous vraiment besoin d’une voiture privée avec climatisation pour deux personnes quand le métro, dans sa fraîcheur souterraine, est si pratique ? Et pourquoi ne pas aller à pied ou en vélo à cet endroit à deux pas de votre logement ? Prenez le temps, c’est aussi ça les vacances !

Voyager léger

Plus le sac est lourd, plus il faudra d’énergie pour le faire voyager, et donc de carburant. C’est vrai en avion, mais aussi en voiture, moto, tuk-tuk… Ce n’est peut-être pas grand chose, mais si chaque voyageur se passait d’un kilo de bagages, à l’échelle de la planète ça en ferait du carburant économisé, et des gaz à effet de serre en moins dans l’atmosphère !

Bien manger

Notre alimentation a un coût : élevage, production, transformation, transports… L’élevage notamment émet plus de gaz à effet de serre que les transports. En voyage comme à la maison, réduire sa consommation de viande et se tourner vers des aliments locaux et peu transformés permet de réduire son impact écologique. Même si vous êtes un adepte de la découverte de spécialités locales, évitez de consommer les espèces protégées, ou dont les pratiques de production ou de chasse sont problématiques. Enfin, en boudant les aliments sur-emballés, vous évitez aussi la production des déchets, ce qui est d’autant plus important dans certains pays où ces derniers finissent dans la nature, faute de systèmes de gestion. 

Prévoir un kit zéro déchets

Toujours dans un soucis de réduire ses déchets, il est très simple d’avoir avec soi quelques objets qui éviteront de consommer beaucoup de plastique jetable : sacs en tissu pour tout transporter, depuis les fruits du marché jusqu’aux souvenirs de vacances, gourde pour éviter d’acheter des bouteilles en plastique (dans les pays où l’eau du robinet n’est pas potable, beaucoup d’auberges/hôtels proposent de recharger vos bouteilles à partir de tanks), boîtes en tout genre, pailles en inox… Bien sûr à adapter selon la destination et la façon de voyager ! 

Savoir refuser ce qui est gratuit

Refuser une paille avec son cocktail, refuser le sac en plastique proposé lors de l’achat de nourriture, refuser les échantillons dans les magasins, ou les prospectus dans les lieux touristiques (avez-vous vraiment besoin de quatre plans différents de la même ville ?)… Tous ces objets qui deviennent instantanément des déchets, on s’en passe très facilement ! Plus tentant, les hôtels proposent souvent des miniatures : gels douches, shampoings, crèmes, dentifrices, gobelets en plastiques emballés dans du plastique, spéculoos individuels, toujours dans du plastique… Bref, vous voyez l’idée. Emportez avec vous une petite trousse de toilette et laissez intacts ces petits objets souvent de moindre qualité dont la moitié du poids n’est que du déchet. 

Choisir son logement…

Pourquoi ne pas choisir un logement qui respecte l’environnement ? Plutôt que de prendre une chambre dans un immense hôtel hyper-climatisé, optez pour le charme du logement en maison d’hôte par exemple, ou même en tente ou éco-lodge si vous êtes plus aventureux. Et si vous voyagez dans un logement dont les considérations écologiques n’existent pas, n’hésitez pas à le dire, en toute bienveillance. Par exemple, suite à mon séjour plutôt confortable dans un hôtel, j’ai laissé un bon avis sur le site Booking, en remerciant l’établissement pour certains efforts écologiques et en soulignant que la pratique pouvait aller plus loin, avec quelques exemples précis (le petit-déjeuner notamment était présenté entièrement en portions individuelles emballées, les serviettes étaient changées tous les jours et pas de petit panneau à accrocher sur la poignée de la porte pour dire que cela n’était pas nécessaire…). Les établissement ont à cœur la satisfaction de leurs clients, parfois une petite suggestion peut faire changer certaines pratiques ! Sachez aussi qu’il existe des labels écolo pour les logements. 

… et ses activités !

Le transport, le logement, l’alimentation… et bien sûr les activités ! Là encore, il est facile d’être plus responsable. Évitez tout ce qui a un impact direct sur la biodiversité locale (excursions pour s’approcher de certains animaux quitte à les perturber, photographies d’oiseaux en s’approchant tellement des nids qu’ils abandonnent leurs petits, dérangements divers…), mais aussi les activités qui ont un impact plus global, car ils génèrent de la pollution (tout ce qui est motorisé par exemple : tour en hélicoptère, courses de quad…), consomment des ressources (ce terrain de golf arrosé en permanence dans une région aride…), nécessitent la destruction d’habitats naturels… Bref, énormément d’activités se font dans le respect de l’environnement, et sont tout aussi agréables ! Dans la même série, évitez les activités qui exploitent des animaux : balades à dos d’éléphant, nage avec les dauphins, caresse de bébés tigres “sauvés du braconnage”, malheureusement l’attirance des touristes pour ce type d’activité encourage l’exploitation des animaux, dans des conditions bien souvent déplorables où la maltraitance est de mise. 

Se protéger du soleil sainement

Les vacances sont souvent synonyme de soleil, et qui dit soleil dit crème solaire ! Un désastre écologique hélas mal connu. Chaque année, ce sont quelques 14 000 TONNES de crème solaire qui finissent dans les mers et océans. Les conséquences sur les écosystèmes peuvent être dramatiques, notamment du fait de certains composés tels que l’oxybenzone et l’octinoxate. Les coraux souffrent particulièrement de cette pollution chimique, à tel point que certains crèmes sont tout bonnement interdites sur des plages. Préférez des écrans solaires biodégradables et sans danger pour l’environnement. Là encore, certains labels existent, comme le “Protect Land + Sea”. Et bien sûr, évitez de vous exposer aux heures les plus critiques et préférez des vêtements pour vous protéger, dans la mesure du possible. 

Opter pour des souvenirs éthiques et écologiques

Les meilleurs souvenirs, ce sont les moments vécus ! Pour les immortaliser, j’adore tenir un journal de voyage, qui sera complété par mes photos. Mais si vous tenez vraiment à ramener des souvenirs de voyage, pour vous ou vos proches, une démarche responsable est encore une fois facile à adopter. A éviter absolument : toutes les espèces animales protégées (oui, cette bouteille d’alcool avec un serpent à l’intérieur est vraiment classe, mais voulez-vous vraiment encourager le braconnage et la disparition de la biodiversité ?), les plantes ou graines (risque d’invasion biologique), les matériaux ou produits à forte empreinte écologique, le non-recyclable… Préférez aussi des souvenirs responsables, et produits sur place. Un objet made in China pour vous rappeler votre voyage dans un pays d’Europe, c’est un peu dommage… Encouragez l’artisanat ! Et évitez le sur-emballage. 

Éteindre sa maison avant de partir

Le plus simple à faire pour être responsable dès le premier jour du voyage : laissez votre logement à l’arrêt ! Les appareils branchés, en veille, et évidemment ceux qui sont allumés, consomment de l’énergie inutilement. Coupez le chauffage, débranchez tous les appareils (télévision, ordinateur, box internet, micro-onde…). Non seulement vous économiserez de l’argent en faisant un geste écolo, mais en plus vous limitez les risques d’incident électrique en votre absence. 

La liste n’est pas exhaustive, n’hésitez pas à ajouter des astuces dans les commentaires 😉 

15 choses qui m’ont marquées au Sri Lanka

  • Il y a des chiens errant partout, ils se laissent caresser et dorment sur les routes sans se soucier des véhicules qui passent à quelques centimètres d’eux 
  • Les gens sont d’une incroyable gentillesse et nous saluent souvent avec un grand sourire 
  • Les maisons ne sont peintes que sur la façade visible
  • Les journées sont assez courtes, le soleil se lève à 6h et se couche à 18h tous les jours
  • La lune est à l’envers, on dirait qu’elle sourit !
  • Les trains roulent les portes ouvertes, avec des gens qui se penchent pour admirer le paysage et se prendre en selfie 
  • Portes ouvertes aussi pour les bus, qui s’arrêtent n’importe où sur leur trajet si on leur fait signe. Parfois, il se contente de ralentir et on saute en marche. On s’installe, puis le contrôleur vient nous vendre un ticket à un prix dérisoire
  • Le klaxon est l’outil principal de tous les usagers de la route, en particulier pour avertir les véhicules qu’ils dépassent ou pour prévenir ceux qui arrivent en face sur les routes étroites
  • La cuisine locale est bien trop épicée pour qu’on puisse en manger ! Une seule mini bouchée nous met la bouche en feu… 
  • N’importe qui peut ouvrir son restaurant dans sa maison ou son jardin
  • Avant d’entrer quelque part, y compris certains restaurants, boutiques, terrasses, on enlève ses tongs !
  • Interdit de mettre le papier toilette dans la cuvette : il faut le jeter à la poubelle. D’ailleurs, les locaux utilisent un jet d’eau à la place 
  • Sur les maisons où une personne est récemment décédée, on affiche sa photo et ses dates de naissance et de mort
  • Dans les bus, les gens qui sont debout posent leurs sacs sur les genoux de ceux qui sont assis 
  • Les mangues sont différentes de celles qu’on achète en Europe, plus petites et bien plus sucrées. Il existe beaucoup de fruits étonnants, dont certains sont excellents, comme le ramboutan à tester absolument ! 

Mon itinéraire de 2 semaines au Cambodge

Le perpétuel dilemme des voyageurs au Cambodge : commencer par les temples d’Angkor, ce qui est un peu sportif, pour pouvoir être plus relax le reste du voyage ? Ou garder ce lieu magique pour l’apothéose finale ? C’est la deuxième solution que nous avons choisie : une semaine à arpenter le sud, ses plages, ses îles, ses villes tranquilles, et une semaine au nord à la découverte des joyaux des anciennes civilisations. Voici notre itinéraire étape par étape. 

1. Phnom Penh – 1 jour

Capitale animée, il est facile de trouver un tuk-tuk dès la sortie de l’aéroport pour nous emmener à notre logement. À faire : musée du génocide (terrible mais poignant, à faire absolument), Palais royal, marchés.

2. Kep – 1 jour

Bourgade plutôt tranquille avec des allures de ville fantôme, du fait de nombreuses villas abandonnées. Immanquables : le marché aux crabes et les petits restaurants attenants. Nous avons également adoré le jardin des papillons. On trouve aussi un grand parc naturel dont l’entrée se situe dans la ville. Les balades en vélos dans Kep sont agréables.

Kep – ville oubliée

Située à une demi-heure en tuk-tuk au sud de Kampot, Kep est une ville bien moins touristique. Je n’ai pourtant pas regretté de m’y être arrêtée. Une journée et une nuit suffisent pour goûter à sa tranquillité… et à ses spécialités ! Construite entre les années 50 et 70, Kep était jadis une ville florissante…

3. Kampot – 2 jours

Sur le chemin entre Kep et Kampot, arrêt incontournable à La Plantation, une ferme où est produit le fameux poivre de Kampot, avec passage devant le “secret lake”. La ville de Kampot est bien plus animée que Kep. Au programme : balade en bateau sur le fleuve à la recherche des lucioles, jus de fruits frais et street-food près du vieux marché, super salons de massage, séance de yoga. 

La Plantation – Poivre de Kampot

Un de mes gros coups de cœur… Petit coin de Paradis verdoyant à l’écart du tumulte de la ville, la Plantation est une immense ferme, mais aussi un projet agro-écologique ambitieux et respectueux de l’environnement, un projet éducatif pour les touristes et un projet social.  Une fois arrivé sur les lieux, on peut se balader…

4. Koh Rong Samloem – 3 jours

Des deux îles les plus touristiques, nous avons choisi la plus petite. Un véritable coin de paradis ! Trois jours à se prélasser sur la plage d’un blanc immaculé, à manger des barbecues de poissons, à profiter de l’animation des auberges (soirées karaoké, parties de ping-pong, musique live…). D’autres activités sont proposées : snorkeling, découverte du plancton luminescent, balade à travers l’île à pied ou à vélo, kayak sur l’océan…

5. Siem Reap – 3 jours

Après une nuit à Sihanoukville, c’est en avion que nous rejoignons la ville far du Cambodge. Énormément de choses à faire. Les temples d’Angkor bien sûr, se visitent sur plusieurs matinées. Les après-midi, nous visitons la ville, ses nombreux marchés, et profitons des massages (ne manquez pas le centre de massage par des personnes aveugles) et de la street-food dont les prix défient toute concurrence. Au cœur de la ville, visite guidée gratuite des “Artisans d’Angkor”, où des jeunes artisans se perfectionnent à l’art de la sculpture, peinture, fabrication de bijoux… A quelques kilomètres, plusieurs villages flottants ou sur pilotis peuvent être visités, avec un tour en bateau sur le lac Tonlé Sap. 

6. Battambang – 1 jour

Dernière étape avant le retour à la capitale. Énormément d’activités, ville à ne pas manquer ! Temples, artisanat local (fabrication de feuilles de riz, de gâteaux de riz cuits dans du bambou, de prahok, séchage du poisson…), visite d’anciennes maisons khmers, ferme aux crocodiles, killing caves, grottes aux chauve-souris, train de bambou… Nous avons adoré le cours de cuisine et le spectacle d’une jeune troupe de cirque.

Une journée à Battambang

Parmi les villes incontournables du Cambodge, Battambang ne fait pas l’unanimité. Avant de partir, j’ai lu beaucoup d’avis favorables, mais aussi beaucoup d’autres moins enthousiastes. Verdict ? J’ai adoré !

Moyens de transport

  • De Phnom Penh à Kep : minibus express
  • De Kep à Kampot : tuk-tuk, avec une étape possible à La Plantation, à mi-chemin
  • De Kampot à Koh Rong Samloem : bus jusqu’à Sihanoukville, puis bateau 
  • De Koh Rong Samloem à Siem Reap : retour à Sihanoukville par bateau, tuk-tuk jusqu’à l’aéroport, avion jusque Siem Reap
  • Région de Siem Reap avec les temples d’Angkor : tuk-tuk, vélo pour les plus courageux !
  • De Siem Reap à Battambang, puis Phnom Penh : minibus express

Photos : conserver ses souvenirs de voyages

Au retour d’un magnifique voyage, l’appareil photo rempli de belles images, on n’a qu’une envie : que celles-ci deviennent un bel objet qui reflète nos aventures et nos découvertes.

Il y a plusieurs façons de faire : un album photo classique (des pochettes où l’on glisse chaque photo) est rapide à faire. Une fois les photos développées, il suffit de les ranger. Même s’il est possible de rajouter des légendes, l’objet reste un peu figé. Voici d’autres idées pour avoir un souvenir dynamique et à notre image

1. Album photo type scrapbooking

Pour les plus créatifs, le scrapbooking consiste à découper ses photos et souvenirs de voyages (cartes de visites, plans des villes, reçus et autres papiers en tout genre récupérés au cours du voyage), et à les mettre en scène à grands renforts de jolis papiers, stickers, tampons, feutres, peintures…  Aucune limite à la forme, la taille de l’objet, l’apparence, si ce n’est votre imagination ! Pinterest offre une source inépuisable d’inspiration pour ne pas être en panne… Voici par exemple un petit album à la suite de mon séjour de quelques mois en Suisse, où j’y ai étudié les oiseaux. Album très orienté nature donc !

2. Les livres photos simples

Imprimer ses photos sur un livre personnalité est très facile. Une fois les photos sélectionnées et organisées, il suffit de les charger sur un site ou logiciel spécialisé. Ensuite, on peut laisser le site/logiciel faire : les photos sont mises en page automatiquement par nom ou par date. On peut également préférer faire la mise en page manuellement. Pour ma part, j’opte pour un compromis : mise en page automatique, pour avoir une base, que je modifie ensuite manuellement pour parvenir au résultat qui me plait. Il est possible d’ajouter de l’écriture, ce qui permet de mettre des légendes aux photos, notamment le nom des lieux visités, de l’activité illustrée, etc.

3. Les livres photos – carnets de voyage

Pour rentre un livre photo encore plus unique, il est possible d’y mettre un texte racontant son voyage. Le résultat est magnifique, digne d’un « beau livre » que l’on pourrait acheter ! Pour ma part, j’emporte un carnet dans mon sac-à-dos lorsque je voyage, dans lequel je consigne chaque soir ma journée, mes activités, mes impressions. Taper tout ça sur ordinateur au retour n’est pas très long. Il suffit ensuite d’ajouter le texte en face des photos en question !

4. Les livres photos – carnets de voyage – scrapbooking

Combo ultime ! Si vous laissez des pages vides lors de la création de votre livre photo, vous pourrez y écrire votre voyage, coller tous les papiers que vous avez ramenés du voyage, ajouter des embellissements, des dessins, des peintures, un monde illimité de créativité !

Bien choisir son auberge de jeunesse

A un budget imbattable, les auberges de jeunesse (« hostels » en anglais) offrent de nombreux avantages. Elles sont souvent très bien situées, dans le centre des villes, en bord de mer, à proximité des sites d’intérêt. Elles proposent souvent des services utiles, comme des aides à la réservation de transports ou activités, une restauration, des salles de détente. Et bien sûr ce sont des endroits parfaits pour rencontrer d’autres voyageurs !

Mais attention, mal choisir son auberge, c’est l’assurance d’une nuit mouvementée et inconfortable. Lors de la réservation, voici quelques détails à ne pas négliger :

  • Les avis et commentaires : des voyageurs ont expérimenté le lieu avant vous, profitez-en ! Je sélectionne d’office les offres avec 80 ou 90% d’avis positifs. Et j’élargis la recherche si je fais chou blanc.
  • Le nombre de lits par chambre : plus il y en a, plus il y aura de mouvement pendant la nuit. Souvent, les auberges proposent des prix croissants pour avoir une chambre avec moins de lits. On peut également choisir des chambres mixtes ou réservées aux femmes, ce qui peut être rassurant pour des voyageuses seules, sans compter que ces dernières sont moins enclines à ronfler !
  • La présence de rideaux autour des lits : l’intimité n’étant pas le fort des auberges, du fait de chambres partagées, la présence de rideaux autour des lits offre une bulle de confort vraiment appréciable, et qui permet en plus une relative obscurité même quand d’autres personnes allument la lumière au milieu de la nuit ! Rarement mentionnés, les rideaux sont à chercher sur les photos des chambres de l’auberge.
  • Les prises électriques et lampes individuelles : les prises sont indispensables pour recharger son téléphone pendant la nuit, ou encore son appareil photo, tout en le gardant près de soi. Des prises éloignées du lit, souvent en nombre limité pour la chambre, c’est la prise de tête assurée ! Les lampes au-dessus de chaque lit sont vraiment un confort appréciable : parfait pour bouquiner ou rédiger son carnet de voyage le soir sans déranger tout le monde !
  • Les casiers : on en trouve heureusement dans presque toutes les auberges, ils sont indispensables pour déposer nos affaires. Prévoyez un cadenas.
  • L’ambiance : les auberges de jeunesse sont souvent prises d’assaut… par les jeunes ! Du coup, certaines misent sur des ambiances festives, avec bar, billard, et musique tard dans la nuit. A contrario, d’autres sont très sobres et privilégient tranquillité et relaxation. A vous de choisir ce qui vous convient !
  • L’emplacement : quand on est en mode sac-à-dos, une auberge située juste à côté de nos centres d’intérêt est très appréciable !
  • Les équipements : présence d’une piscine, de lieux de détente collectifs, d’un extérieur agréable, d’un restaurant… Dans les pays chauds, la climatisation ou la présence de ventilateurs (qui peuvent être accrochés au-dessus de chaque lit) peuvent être appréciées.
  • Les services : possibilité de transferts vers/depuis l’aéroport, organisation de tours, réservation des transports, animation le soir, cours de yoga…
  • Le petit-déjeuner : s’il est inclus, ça permet de bien démarrer la journée !  

Et voilà pour les critères principaux, sur lesquels je me base désormais, après avoir vécu quelques expériences… traumatisantes ! Si vous en avez d’autres, n’hésitez pas à les ajouter en commentaires !

Vie sauvage au Sri Lanka

Un de mes aspects favoris des voyages, c’est la découverte de la vie sauvage et des paysages naturels propres à chaque pays, chaque région. Et côté nature, le Sri Lanka ne nous laisse pas en reste ! Un bonheur pour des photographes amateurs…

Premier petit coin de paradis, le jardin botanique de Paradeniya, situé à Kandy. Ce magnifique parc de près de 60 ha abrite un nombre impressionnant d’espèces végétales, arbres en tous genres, fleurs multicolores dont beaucoup d’espèces d’orchidées. La promenade peut s’y éterniser des heures durant. On y croise également une faune variée, entre singes, écureuils, oiseaux et insectes en tout genre.

Plusieurs parcs nationaux constituent également des réserves où les animaux y sont facilement observables. Voici un petit échantillons de la faune du parc d’Uda-Walawe, situé au sud du Pays. Les éléphants y sont bien sûr les animaux les plus emblématiques, mais on y trouve aussi de nombreuses espèces d’oiseaux, parmi lesquels des paons, des guêpiers d’orient, ou encore des rapaces comme des pygargue blagres.

Pas besoin toutefois d’être dans un jardin ou dans un parc pour observer des animaux sauvages. Le Sri Lanka reste un pays avec une nature plutôt bien préservée. Une balade en pirogue à travers la mangrove au lever du soleil permet de rencontrer des varans, nageant paisiblement dans l’eau, ainsi que des hérons et autres oiseaux. Les insectes font foison dans la nature à qui veut bien baisser un peu la tête. Les levers de soleil, toujours très ponctuels, sont un régal.

Au bord de l’océan, c’est aussi une faune foisonnante. Au milieu des coquillages vides se baladent des coquilles d’escargots de mer avec quelques pattes qui dépassent : des timides Bernard l’ermite qui y ont élu domicile. Leurs cousins les crabes bravent les vagues depuis les rochers. On aperçoit quelques poissons dans l’eau, mais aussi en dehors de l’eau ! Une particularité de certains blennies, que l’on trouve posé sur les rochers, au calme au bord de l’eau…

Camargue : le baguage des flamants

Pendant l’été 2013, j’ai pu m’incruster pour la deuxième année consécutive dans un des évènements les plus attendus de Camargue : le baguage des flamants roses. Une épopée grandiose, d’à peine une demi-journée, mais préparée pendant des mois en amont.

Petite mise en contexte. En France, les flamants roses ne se reproduisent que dans une seule colonie, sur un petit ilot au cœur de la Camargue. Protégés de tous les côtés, personne ne peut s’en approcher à l’exception de quelques rares privilégiés qui les étudient. Une tour d’observation est construite juste en face de l’ilot, et on y accède camouflés sous un espèce de mini-tank flottant. La reproduction se passe tranquillement, avec des observations presque quotidiennes qui permettent de lire des bagues et de déterminer quels individus sont présents et s’ils se reproduisent. Les bagues en question sont composées d’un code alpha-numérique propre à chaque individu, et lisible jusqu’à 300m. On peut ainsi connaître l’histoire de nos flamants : âge, longévité, reproduction, dispersion… Une mine d’informations bien précieuse pour les chercheurs ! C’est pour cette raison que, chaque année, une armée de volontaires se réunit pour l’évènement ultime, le baguage des jeunes flamants.  

Vue du ciel de la colonie et de la tour d’observations
Observation depuis la tour : les bagues sont parfaitement lisibles

Comme seuls les V.I.P. (quelques 200 personnes tout de même…) sont invités à participer à cet évènement, voici en exclusivité le récit d’une poignée d’heures palpitantes.   Il est 5h, la nuit est encore bien noire quand une ribambelle de véhicules quitte le centre de recherches biologiques de la Tour du Valat. Malgré l’heure matinale, la plupart des gens sont bien réveillés. L’effet de l’excitation probablement, mais il faut dire que les dizaines de moustiques et leurs bzz-bzz provocateurs y sont aussi pour quelque chose. On est en Camargue tout de même ! La foule a rendez-vous sur la digue. Tout le monde est bien rodé, la réunion obligatoire de la veille ayant permis d’assurer une organisation optimale. Les participants sont répartis dans plusieurs équipes, chacune ayant une couleur de t-shirt différente. Le premier défi une fois arrivés est de repérer son chef d’équipe dans l’agitation et l’obscurité. Le départ s’effectue peu après 5h30. Chaque équipe part à tour de rôle sur deux digues différentes, les jeunes flamants se trouvant quelque part entre ces deux digues. C’est ainsi que 200 personnes se mettent en marche, accompagnées cette année du grondement sourd de l’orage et d’une multitude d’éclairs déchirant le ciel et accompagnant le timide lever du soleil.  

Réunion par équipes avant le grand départ
Ambiance particulière entre orage et soleil cette année

Les jeunes flamants, qui sont encore tout gris et qui heureusement ne savent pas voler, sont tous regroupés en une « crèche », gardée par quelques adultes. Le but de la manœuvre est de les encercler, et les guider vers un entonnoir se terminant par deux enclos. Les chefs d’équipe jouent du talkie-walkie pour synchroniser tout le monde. Une fois les équipes en place, le rabattage commence. En même temps que la pluie. L’étau humain se ressert petit à petit sur le groupe de flamants qui se met en mouvement, avec la même apparence d’unité qu’un banc de poissons. Les adultes s’envolent assez rapidement, ajoutant l’éclat rouge de leurs ailes au ciel déjà magnifique. Cette année, l’étang est particulièrement sec. Un avantage dans le sens où les gens n’ont pas les pieds dans l’eau, hormis les malchanceux des premières équipes qui pataugent dans une boue noire, odorante et particulièrement avide de capturer les chaussures mal attachées… En revanche, la sécheresse a également une autre conséquence : les flamants courent beaucoup plus vite ! Une fois le groupe en mouvement, la synchronisation du rabattage devient primordiale.  

Mise en place des équipes et rabattage, une chaîne humaine de très grande ampleur

Le jour est maintenant totalement levé, les flamants sont en passe de rentrer dans l’entonnoir. Les premiers arrivés se rendent compte du traquenard et tentent de faire demi-tour, les suivants leur foncent dedans sans comprendre, l’inévitable se produit : un tas de flamants. Un enchevêtrement de cous, de pattes et de corps, tout le monde est à terre dans un chaos assez effrayant. Il faut intervenir rapidement. On s’écarte, on relève rapidement les jeunes, heureusement tout le monde va bien. Une partie du groupe est déjà rentré dans l’enclos, les autres sont autorisés à déguerpir. Sur 3000 poussins présents, seuls 800 seront bagués.  

Derniers instants du rabattage : on laisse une grande partie de la crèche s’échapper

Un petit répit dans l’organisation, quelques minutes à s’autoriser l’observation hypnotique de ces 800 êtres étranges tournant en rond, à présent séparés dans deux grands enclos. Et déjà les chefs d’équipes appellent leurs soldats. Chacun connait son poste et son rôle précis. Dans les grands enclos, des personnes sont chargées d’attraper les flamants et de les passer dans des minis enclos propres à chaque équipe. Les animaux sont ensuite passés de mains en mains, tour à tour bagués, mesurés (aile et tarse) et pesés. Des plumes sont prélevées, elles permettront de déterminer le sexe de chaque individu grâce à une analyse génétique. D’autres prélèvements sont effectués, sur un nombre plus restreint d’individus, pour des expériences à part. Des prises de sang par exemple, ou des prélèvements cloacaux. Et puis depuis l’année dernière, des expériences de comportements sont mises en place sur les jeunes durant le baguage. Certains individus passent ainsi des tests de personnalité. La partie la plus drôle consiste à placer le flamant par terre, sur le dos, et à chronométrer le temps qu’il met pour se relever. Si certains sont très réactifs et obligent les observateurs à leur courir après, d’autres semblent paralysés par cette position inhabituelle et restent bêtement posés au sol, cou et pattes tendus, parfaitement immobiles. Le test du crayon, qui consistait à provoquer l’agressivité des jeunes en approchant un crayon de leur tête, a été abandonné cette année. L’année dernière, les flamants se souciaient bien plus de pincer les gens qui les portaient que le crayon…  

La moitié des poussins rabattus sont dans cet enclos, un deuxième contenant les 400 autres poussins
Prélèvement de plumes pour le sexage
Test de comportement : se relever quand on est sur le dos. Ce n’est pas gagné…

Chaque flamant ayant passé toutes les étapes obligatoires de son parcours, et éventuellement les dernières étapes optionnelles, est alors relâché dans l’entonnoir. La plupart sont épuisés par les évènements, et s’en vont tranquillement, s’allongeant parfois au sol quelques secondes avant d’avoir la force de partir. Les jeunes trop épuisés sont conduits dans une infirmerie, spécialement conçue à l’écart de l’agitation générale pour leur donner le répit nécessaire avant de reprendre la direction de la crèche.  

Les flamants sont relâchés un par un au fur et à mesure

Huit cent flamants plus tard, c’est au tour des humains de remballer. Les enclos sont démontés, en quelques minutes, au grand dépit des personnes qui ont mis toute leur énergie et plusieurs semaines à les monter avant le baguage (croyez-moi, j’en ai fait partie !). Il n’est même pas 10h quand tout le monde reprend la direction des voitures, n’ayant en tête que le petit-déjeuner offert à quelques kilomètres de là en attendant le traditionnel grand banquet qui clôture l’évènement.  

On casse tout et on remballe, le petit-déjeuner nous attend !

Ainsi se termine une des épopées les plus grandioses de mon été. Si vous souhaitez en savoir plus sur le baguage et tout ce qui concerne les flamants en Camargue, allez faire un tour sur ce site : http://flamingoatlas.org/ Vous y trouverez toutes les photos de toutes les années de baguages, de nombreuses informations, ainsi que la possibilité de… parrainer un flamant ! Depuis quelques années, la colonie a déménagé. Voici quelques images de baguages plus récents :

Crédits photo : Tour du Valat.

Camargue : bénévole à la réserve

Il est 23h. La nuit noire est déchirée par des éclairs diffus, le tonnerre gronde au loin. Derrière mon volant, je ne peux réprimer un sourire : cinq ans après ma dernière visite, c’est la Camargue qui m’accueille, à sa façon !

L’aventure dans laquelle je m’embarque est bien différente de la dernière fois. S’il fallait être VIP pour participer au baguage des jeunes flamants, tout le monde est cette fois invité, et même encouragé, à participer à ces vacances améliorées et utiles que sont les chantiers bénévoles !

En Camargue, la SNPN (Société nationale de protection de la nature) organise chaque année des chantiers ouverts à ses adhérents au cours desquels les bénévoles s’attèlent à différents travaux. Le descriptif est succinct, mais difficile d’y résister : deux semaines au cœur de la réserve, des matinées de travail pour des après-midis de découvertes de la région à travers de multiples activités, un logement en gîte avec les autres bénévoles… tout ça pour une quarantaine d’euros d’adhésion et frais de dossier, trente pour les étudiants ! En termes de vacances utiles, on ne fait pas mieux. C’est donc sans savoir exactement à quoi m’attendre que je suis repartie sur ces terres déjà chargées de mes souvenirs de jeunesse.

Lundi matin, 8h30. J’arrive au gîte de Salin de Badon. Je découvre une grande bâtisse perdue en pleine campagne. Quelques bénévoles sont arrivés la veille, on sympathise rapidement. On sera une dizaine à vivre ici pour les deux prochaines semaines. Les encadrants arrivent également, des personnes qui travaillent sur place toute l’année. Le briefing nous met rapidement dans l’ambiance : décontractée ! Pas de chichis, on se tutoie, les blagues sont de rigueurs.


Le gîte de Salin de Badon, lieu de vie des bénévoles

Le dur labeur des bénévoles

Le soleil tape déjà très fort – canicule oblige – quand nous partons sur le terrain. Au programme, pose de ganivelles le long des chemins de la réserve. Il s’agit de dissuader les promeneurs d’aller piétiner la flore si typique des milieux humides camarguais. La salicorne, c’est sacré ! Le travail est physique, on creuse des trous avec des gravières, on plante des piquets, on les encoche pour y poser des renforts, on déroule les ganivelles que l’on attache solidement au tout après leur avoir donné de bons coups de masse… La récompense après quelques heures : la plage, au bout du chemin ! A peine les outils posés, on s’y précipite tous de bon cœur. Je profite du chemin du retour pour enliser la voiture de la réserve dans le sable. Sinon on aurait pu s’ennuyer !

Ganivelles en cours de montage au cœur de la réserve, à quelques pas du phare de la Gacholle

Si les ganivelles nous occupent une bonne partie du séjour, plusieurs matinées sont consacrées à d’autres travaux. Celui qui nous laissera le plus vif souvenir, c’est sans doute l’arrachage de la jussie. En dépit de son nom flatteur, référence au botaniste français Bernard de Jussieu, cette plante aquatique du genre Ludwigia est un fléau. Envahissante, elle se multiplie rapidement et jusqu’à envahir littéralement les zones aquatiques. Pour s’en débarrasser, il faut se jeter à l’eau. Munis de wadders (vous savez, ces grandes bottes qui montent jusque sous les bras et qui ont le don de vous dépouiller instantanément de toute grâce), appuyés sur une barque (même pas pour nous la barque ! c’est pour y mettre la jussie !), nous pénétrons dans la roubine. Qui n’a pas été dans une roubine ne peut pas comprendre… Il s’agit d’un petit canal, environ 2m de large, dont l’eau est pour ainsi dire stagnante. D’ailleurs, il n’est rempli qu’à 40% d’eau (partie haute), les 60% restant étant constitués de vase. Vase qui fait des bulles quand on marche dedans. Du moins quand on tente de marcher, car sitôt le pied posé, celui-ci est immédiatement capturé par la chose, emprisonné avec une force insoupçonnée. Force est d’avouer, au début, on panique ! Tout plantés que l’on est au milieu de la roubine, on voit déjà nos dernières heures arriver par une noyade inévitable dans une eau fétide. Ha oui, je n’ai pas précisé, les bulles qui sortent de la vase, ce ne sont pas des bulles de savon parfumées à la rose. Non, non. C’est autre chose. Tu mémorises le truc le plus puant que tu aies senti ? C’est pire. Bref, passé le cap de la panique et du dégoût, on y prend goût ! Hop on arrache des poignées de plantes, on te balance ça dans la barque, on se prend au passage des éclaboussures de vase (les racines sont profondes !), on en a plein les cheveux, plein le visage… Avantage n°1 : c’est finalement très drôle ! Avantage n°2 : quand on se prend l’averse du siècle sur la tête juste après être sortis de la roubine, on est contents d’être rincés !

L’impitoyable jussie ! (Crédits : Philweb)

Dernier grand chantier auquel nous avons participé : la création d’un observatoire, une plateforme située le long de la route et depuis laquelle les curieux pourront observer la magnifique faune du plus vaste étang de Camargue : le Vaccarès. Avec ses 12 km de long et ses 6 500 hectares, il constitue un lieu incontournable pour nombre d’oiseaux, y compris les flamants roses. Un des grands avantages des chantiers bénévoles à mon sens réside dans la façon dont sont considérés les bénévoles. Si nous venons apporter nos petites mains, nous repartons aussi avec de l’expérience en plus. Les encadrants ont en effet à cœur de nous faire tester par nous même les outils, les techniques, même si ça veut parfois dire perdre un peu de temps. Un stage de bricolage pour débutants !

N’est-il pas magnifique notre observatoire ?
Il manque encore la rampe d’accès et les barrières de sécurité et il sera parfait !

Après l’effort, le réconfort !

Pendant les chantiers, les bénévoles ne travaillent que le matin. Ce qui laisse pas mal de temps pour vaquer à d’autres occupations. Manger par exemple ! Le gîte est fourni, mais les bénévoles s’occupent de leur popotte. On s’organise comme en colonie : des menus prévus à l’avance, des courses pour tout le monde et un planning pour la semaine avec des commis de cuisine et de vaisselle pour chaque jour. Le temps de rentrer du terrain, de cuisiner et de manger, il est souvent 15h passé. Rebelotte pour le soir avec des diners aux alentours de 22h ! Horaires de vacances en somme. Il faut dire que s’il n’y avait pas un réveil le matin, on s’y croirait…

Plusieurs activités sont prévues par la SNPN, et offertes aux bénévoles. Au programme, une visite d’Arles et ses monuments accompagnés par une guide rien que pour nous, une balade à cheval version camarguaise (cheval camarguais, selle camarguaise, paysages camarguais au milieu de taureaux camarguais), la visite d’une expo naturaliste à la Capelière (le centre d’informations de la SNPN) et une sortie naturaliste pour observer les oiseaux. Sans compter les activités qu’on s’organise nous-même : marché à Arles, après-midi plage, joutes nautiques, courses camarguaises dans les arènes, et bien sûr des balades dans la réserve. Le gîte constitue le point de départ de trois sentiers naturalistes agrémentés d’observatoires, autant dire qu’il y a de quoi profiter ! Pour les mordus d’ornithologie comme pour les amoureux des petites bêtes, la Camargue c’est un peu le paradis. Je vous en donnerai un petit aperçu dans mon prochain article !

A cheval, nous voyons arriver le troupeau de taureaux. Pas peur !
Au bout d’un chemin accessible depuis notre gîte, un observatoire

Les deux semaines sont trop vite écoulées, et il est déjà temps de repartir. Bronzés, musclés, les poumons remplis d’air frais, l’appareil photo bien garni et des souvenirs plein la tête, on se dit qu’on reviendrait bien l’année prochaine pour remettre ça !

Quelques prérequis indispensables si vous souhaitez vous lancer l’année prochaine :

  • Il est préférable d’aimer la nature. Toute la nature. Y compris les moustiques, les taons, ou encore les chauves-souris dont le niveau sonore est inversement proportionnel à leur taille et qui ont élu domicile derrière les volets des chambres…
  • Il faut savoir se satisfaire du nécessaire. Un peu d’eau fraiche… seulement si on n’a pas oublié de remplir les bidons avec de l’eau potable, à quelques kilomètres du gîte ! Internet, le réseau téléphonique et toutes ces autres futilités, c’est au petit bonheur la chance. 
  • Ne pas avoir peur de se salir. Et accepter de ne pas sentir la rose après la douche. L’eau courante vient de la roubine, celle-là même dont je parlais plus haut (en témoigne son odeur ! N’essayez pas de vous rincer la bouche avec après vous être lavé les dents ! Regrets immédiats…), mais l’odeur s’équilibre bien avec celle du savon en général. 
  • Aimer les gens. Eh bien oui, même si on est à des kilomètres de la ville la plus proche, il va bien falloir supporter les autres bénévoles. Y compris leurs ronchonnements au réveil, leur réticence à faire la vaisselle, leurs préférences alimentaires qui contraignent les menus, et leur humour qui varie à mesure que le soleil tape ! 
  • Ne pas craindre les grands espaces. La Camargue, c’est immense, et très plat. Vision panoramique garantie à des kilomètres à la ronde, de quoi se sentir tout petit !

Les risques à accepter si vous décidez quand même de vous lancer :

  • Gros risque d’émerveillement quant à la foisonnante biodiversité de la Camargue et ses paysages magnifiques. Sensation immédiate de liberté au milieu de ces espaces immenses. Des oiseaux et des insectes à n’en plus savoir donner de la tête. Retour difficile en perspective
  • Changements physiques à prévoir : risque certain de revenir avec une surcharge musculaire et une légère coloration dorée de la peau (un conseil pour bien s’en rendre compte : prévoir de porter le même short plusieurs jours d’affilé les jours de grand beau temps. Effet jambes bicolores garanti !)
  • Des fous-rires pour des broutilles (le soleil tape !), de la bonne humeur, des rencontres avec des personnes passionnées, du partage entre les bénévoles venus de tous horizons… Il y a le risque d’apprendre à cuisiner de l’houmous ou de la ratatouille, de découvrir des styles de musique dont tu ne soupçonnais pas l’existence, d’échanger des astuces et bons plans sur un tas de choses…
  • L’envie irrépressible de remettre ça pour une nouvelle année !

Pour plus d’informations :